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Ma vie: Couple de fonctionnaires de Béja.

Ma vie: Couple de fonctionnaires de Béja.

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Le mari : Ferid, 39 ans, fonctionnaire dans une société nationale d’énergie.

La femme : Chadia, 33 ans, enseignante du primaire.

Ferid et Chadia sont mariés depuis 07 ans. Ils ont une fille, Mira, âgée de 07 ans. La famille habite une maison dans un des quartiers de Béja Sud.

Ferid se confie à nous : « Nous vivons dans une modeste maison qu’on financé grâce à un crédit bancaire sur 20 ans. Il nous reste encore 8 ans pour rembourser totalement la maison.  La voiture que nous possédons est en Leasing.  Avec le crédit bancaire et le leasing, nos paies fondent comme neige au soleil. Plusieurs années de privation nous attendent encore ! ».

Un début professionnel difficile

Ferid est originaire de la région de Hawari de Béja Sud. Il est issu d’une famille modeste. Il a fait ses études universitaires dans une université de la capitale.

Ferid nous donne plus de détails : « Je suis un ancien étudiant du ‘‘Campus’’ et précisément de la FSEG. Après ma maîtrise, j’ai roulé ma bosse pour travailler et gagner ma vie. J’ai connu plusieurs mois de chômage avant de travailler comme ouvrier dans une société privée. C’était du pur esclavagisme ! J’ai quitté au bout de quelques semaines, c’était inhumain et insupportable. J’ai travaillé comme chauffeur de taxi. Et j’ai fini par être recruté par une société nationale suite à un concours national. La chance m’a finalement souri. »

Un quotidien difficile mais je reste en Tunisie

Ferid continue : « Malgré les augmentations salariales récentes, la vie est devenue impossible. Avec deux salaires on ne s’en sort pas. Travailler dans la fonction publique vous condamne à vivre ‘‘juste juste –   قد قد ‘‘. Gérer le budget familial est mission impossible ».

Chadia prend la parole : « C’est vrai que la fonction publique est synonyme de sécurité surtout après ce qu’on a vécu durant la crise sanitaire mais je dois vous avouer que je n’y vois aucune lueur d’espoir quant à l’amélioration de notre niveau de vie. Il n’y a plus d’avenir, tout est devenu cher et le pays est en régression continue. »

Chadia, continue avec ferveur : « Il n’y a pas mieux que moi pour vous parler de la dégradation de l’enseignement public au profit du privé. Les parents qui ont de l’argent iront vers le privé. Ils garantissent ainsi l’avenir de leurs enfants…Et tant pis pour les autres ”   قليل الجهد يموت  ”! ».

Chadia rajoute : « Il ne faut pas oublier la délinquance et la criminalité croissantes autour des écoles, collèges et lycées. Nos enfants sont voués à eux-mêmes, leur sécurité et leur avenir est en jeu ».

Chadia nous lance : « Malgré ce tableau peu reluisant, je veux continuer à vivre en Tunisie. Je ne pense pas à immigrer. Je n’abandonnerai jamais ma patrie حتى كانت تفلس البلاد و نجوع  بلادي مانسلمش فيها » .

Le budget familial

Les revenus :

  • Salaire de Ferid: 1 600 dinars par mois.
  • Salaire de Chadia : 1 400 dinars par mois.

Le couple se partage les dépenses du foyer.

Les dépenses :

  • Frais d’électricité : 20 dinars par mois vu que Ferid bénéficie de la gratuité en tant qu’employé de la société.
  • Frais de SONEDE : 120 dinars.
  • Frais d’Internet : 47 dinars par mois.
  • Frais de carburant : 160 dinars par mois.
  • Produits alimentaires et d’entretien : 600 dinars par mois.
  • Paiement crédit bancaire habitation : 400 dinars par mois
  • Argent de poche de Ferid : 100 dinars par mois.
  • Argent de poche de Chadia: 60 dinars par mois.
  • Frais de médication de Chadia : 300 dinars par mois malgré sa prise en change pour maladie longue durée.

A l’occasion de l’Aïd Fitr, la famille achète des vêtements neufs dans les magasins de prêt à porter, à l’avance durant la période des soldes saisonniers. Le reste de l’année, la famille s’habille de la fripe. Le budget vestimentaire annuel est de 1600 dinars.

La famille consacre un budget pour l’Aïd Kébir de 800 dinars.

La famille part en vacances 03 jours en hiver et 7 jours en été.  Généralement, la destination préférée est Sousse. Grâce à l’amicale de la société de Ferid, ou de celle de l’enseignement de Chadia, le budget vacances est assez réduit et la famille peut séjourner dans des hôtels de qualité.

Les 02 parents bénéficient d’une couverture sociale. Ils sont les 02 bancarisés.

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