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Ali Kooli optimiste à combler le déficit budgétaire record, mais peine à couvrir les salaires de février…

Ali Kooli optimiste à combler le déficit budgétaire record, mais peine à couvrir les salaires de février…

Le ministre de l’Economie, des finances et du soutien à l’investissement, Ali Kooli a tenu jeudi 5 février 2021, une réunion avec des directeurs généraux des banques et des institutions financières tunisiennes, pour étudier les opportunités de renforcer le budget de l’Etat via un prêt syndiqué, selon un communiqué du ministère.

Techniquement, l’affirmation que le prêt est destiné à renforcer le budget de l’Etat veut dire, tout simplement, qu’il servira à combler le déficit budgétaire et plus précisément à financer des dépenses courantes, en l’occurrence, le versement des salaires des fonctionnaires du mois de février courant (1680 millions de dinars), le règlement de la facture d’importation des produis subventionnés (810 millions de dinars) et le paiement des échéances des crédits (380 millions de dinars), d’après les chiffres du budget de l’Etat de l’année en cours.

Cependant, les banques, notamment privées ont refusé, selon des sources financières dignes de foi, la demande du ministre qui portait sur 800 millions d’euros (2600 millions de dinars) du fait que le prêt sera octroyé sur les dépôts en devises des non résidants, ce qui est interdit par la loi fondamentale bancaire 2016-48 et ont proposé un ticket de 297 millions d’euros pour se mettre à priori d’accord, après négociations, sur l’accord d’un prêt de 250 millions d’euros (820 millions de dinars) remboursable sur trois ans et au prix fort, puisque le taux d’intérêt sera fixe et de l’ordre de 9%, en s’alignant sur le taux relatif aux adjudications des bons d’Etat.

Rappelons que cette manœuvre est risquée pour le système bancaire puisque les banques, en octroyant le prêt syndiqué consomment 25% de leurs fonds propres en une seule opération de crédit. Celle-ci vient au moment où Ali Kooli a assuré le 28 janvier dernier que la loi de finances complémentaires pour 2020 est en mesure de permettre le versement des salaires des fonctionnaires, le remboursement des dettes du pays et le soutien des entreprises publiques.

Cependant, les données du ministère relatives à l’exécution du budget de l’Etat au titre de l’année 2020 contredisent le ministre puisqu’elles montrent que le déficit budgétaire à fin novembre dernier s’est aggravé par rapport à la même période de l’année 2019 de 92% pour atteindre 7130,2 millions de dinars.

Le gap colossal de la recette fiscale estimé fin novembre écoulé à 7752 millions de dinars, dû au blocage de l’activité économique et à la ruine des PME en particulier, explique le recours du ministre des Finances aux banques pour servir les salaires des fonctionnaires qui sont d’ailleurs toujours en hausse de 12,8%.

Il est clair que les banques dont les créances envers l’Etat, actuellement de 15,4 milliards de dinars, ne pourront plus supporter le fardeau lourd des finances publiques et que la mobilisation des ressources extérieures, bloquée avec les bailleurs de fonds internationaux, annonce des jours difficiles.

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