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Chronique d’une tragédie nationale annoncée…

Chronique d’une tragédie nationale annoncée…

À la limite il est possible d’endurer la pénurie de lait – pour certains c’est de la matière grasse en moins -, il est possible de passer entre les gouttes des pénuries de carburant en se rabattant sur la marche ou le vélo – il faut juste éviter les chauffards qui font légion. Mais se passer des médicaments essentiels qui soignent des pathologies lourdes du type cancer, diabète, hypertension, etc., ça c’est tout simplement impossible. Personne n’admet que son enfant, sa maman, son papa, un parent éloigné ou même une vague connaissance soit perclus ou pire parce qu’il y a une pénurie de médicaments. C’est pourtant ce qui est en train de s’installer avec la fuite des laboratoires innovants, sur fond de silence coupable des autorités.

Le sort funeste de dizaines de milliers de malades

La dernière fois – en juin 2022 – que SEPHIRE (Syndicat des Entreprises Pharmaceutiques Innovantes et de Recherche) a convié la presse pour exposer ses problèmes, suite au départ de 5 laboratoires internationaux, on était un peu plus nombreux autour de la table ; on l’était moins le 25 octobre 2022. Entre temps il y a eu l’annonce des départs de ténors tels que GSK – un laboratoire britannique -, Novartis – un suisse, 2ème mondial – et l’allemand Bayer. Il est certain qu’à ce rythme on sera encore moins nombreux à la prochaine rencontre. À noter que SEPHIRE compte 19 membres, faites vous-même le décompte de ceux qui partent, ceux qui restent ou partiront prochainement…

Et qui en fera les frais ? Les citoyens lambda, évidemment, puisque les plus nantis auront toujours la possibilité de filer à l’étranger pour s’y faire soigner. On parle, tout de même, du départ de laboratoires qui fournissent jusqu’à 78% des médicaments dans les hôpitaux et 52% des les pharmacies. La Tunisie fait déjà face à une sévère pénurie qui impacte durement les malades, surtout ceux qui souffrent de pathologies chroniques, que dire si les grands laboratoires désertent le pays alors que 56% des produits qu’ils fournissent n’ont pas d’équivalents sur le marché local.

Des promesses non tenues, des rendez-vous manqués

On en est là parce que gouvernement après gouvernement, ministre de la Santé après ministre de la Santé, les autorités ont laissé les difficultés s’amonceler, les mettant sous le tapis et les remettant systématiquement au lendemain. Au bout de 6 ans d’indolence et d’insouciance au somment de l’Etat les laboratoires innovants se retrouvent avec des impayés de plus de 700 millions de dinars. C’est de l’argent en moins pour les nouvelles molécules, la recherche, pour sauvegarder des emplois qualifiés – quelque 2000 -, pour soulager les souffrances des patients et leur assurer un confort de vie, etc.

La dernière fois que le ministère de la Santé s’est manifesté c’était pour poser sur la table un chèque de 220 millions de dinars, afin d’alléger le passif de la Pharmacie centrale lequel pèse lourdement sur les laboratoires innovants. Ces derniers n’en ont jamais vu la couleur. Il est évident que la situation n’est pas tenable dans la durée et que ces amoureux de la Tunisie  finiront par prendre des décisions très douloureuses qui profiteront aux pays concurrents. Il n’est pas trop tard pour stopper l’hémorragie mais il faudra que les autorités tunisiennes fassent très vite.

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