Economie

Crédits dédiés aux PME : M. le Président qui payera pour ces fonds étrangers détournés?

Crédits dédiés aux PME : M. le Président qui payera pour ces fonds étrangers détournés?

Quand le PDG de la BFPME nous a appris que 3 à 4 entreprises meurent chaque jour nous nous sommes souvenus de tous ces crédits étrangers contractés par la Tunisie, au nom du sauvetage des entreprises et que la Banque centrale de Tunisie (BCT) a documentés. Et quand la BCT a mentionné ces fonds dans son dernier document, suite à la conférence de presse du 4 janvier, nous nous sommes dit qu’il faut peut-être aller à la pêche aux informations pour savoir si ce pactole a permis de colmater quelques brèches, au moins. Et là stupeur et tremblements

D’abord premier enseignement, recueilli auprès d’Abderrazek Houas, porte-parole de l’Agence nationale des petites et moyennes entreprises : Ce pactole, quelque 465 millions d’euros tout de même, est déjà de l’histoire ancienne. La Tunisie, comme beaucoup de pays en voie de développement, avait été secourue par ses partenaires, essentiellement pour aider ses entreprises à traverser la tempête du Coronavirus. À l’arrivée cet argent a presque été entièrement grillé – il ne reste que 10% du montant décaissé par l’Allemagne – sans que ça aille là où ça devait aller, toujours selon Houas.

Déjà que les banques ne prêtent qu’aux riches et aux plus costauds sur le marché, et maintenant même les crédits étrangers dédiés aux plus faibles sont siphonnés. Seules 2% des PME (petites et moyennes entreprises) et des TPE (très petites entreprises) qui devaient être perfusées pour tenir le choc de la crise post-pandémique l’ont été effectivement, d’après l’Agence nationale des PME. Alors où est passé cet argent ?

Et bien les gros poissons, les PME les plus musclées et qui de fait n’avaient pas besoin de ces sous, se sont débrouillées pour tout aspirer. Ces sociétés logées dans la classe 0 et 1 de la BCT ont monté des dossiers au nom de leurs PME pour faire valoir leurs droits à ces prêts. Cet argent a été utilisé, selon Houas, dans l’immobilier, les fonds de commerce – cafés, restaurants… – et des secteurs qui rapportent gros, alors que les “petits ” à qui ces crédits étaient destinés licenciaient, déposaient le bilan, mouraient dans l’indifférence générale.

Ces aides devaient servir à sauver des pans de l’économie, in fine ça a servi à engraisser des parties. À ce niveau c’est littéralement de la fraude, de la falsification ; il va falloir que des investigations soient menées et que des gens, beaucoup de gens, rendent des comptes. À commencer par cette société étrangère évoquée par le porte-parole de l’Agence nationale des PME, à qui la BCT a confié la gestion et la ventilation de ces fonds. Toute la lumière doit être faite sur cette nébuleuse pour mettre un terme à un scandale d’Etat…

Comme il faudra aussi veiller au grain sur les lignes de crédit qui vont tomber prochainement : 150 millions d’euros prêtés par la Banque européenne d’investissement (BEI) plus 50 millions d’euros de la part de l’Agence Française de Développement (AFD). Cet argent, théoriquement, servira à restructurer des organismes publics. Il faudra s’en assurer…

À la limite l’argent prêté aux privés on se dit qu’il n’est pas perdu – enfin on l’espère – et qu’ils sont contraints de le rendre, mais ces sous qui seront injectés dans des structures publiques sont des crédits que le contribuable devra rembourser. Donc il est important de veiller à leur utilisation.

Il faudra aussi s’enquérir du destin de la ligne de crédit accordée par l’allemand KFW – dont on ne connait pas le montant – et qui sera confiée à la Sotugar (Société tunisienne de garantie), “pour appuyer le mécanisme public de garantie en faveur des PME“, indique le document de la BCT. C’est la même société qui avait tourmenté les entreprises dans les crédits étrangers précédents. La grande majorité des PME se sont vues répondre après 6 mois d’harassantes procédures – paiement de la facture de la CNSS, etc. – que l’argent a été dépensé, a confié Houas.

Mais du reste la Tunisie n’est pas une spécificité, au Sénégal aussi la gestion des fonds du Coronavirus fait grand bruit et les citoyens ne décolèrent pas après un rapport explosif de la Cour des comptes. Beaucoup de milliards ont été volés, détournés, dilapidés. Le discours de Nouvel An du président Macky Sall a été salué par un méga concert de casseroles un peu partout dans la capitale, Dakar, au nom de la reddition des comptes. Le pouvoir en place payera très cher politiquement ce scandale d’Etat.

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