L’ancien ministre et président d’Afek Tounes, Fadhel Abdelkefi, a beau tenter de dégonfler l’affaire de l’aide alimentaire qui a débarqué mardi 17 janvier en Tunisie, le mal est fait, à en croire le spécialiste des dossiers libyens Ghazi Moalla. Il a déclaré ce jeudi 19 janvier que le raffut autour de ce don est arrivé aux oreilles du Premier ministre libyen, Abdel Hamid Dbeibah. Et il n’aurait pas du tout aimé ce qu’il a entendu…
La Libye pensait bien faire en envoyant ce qui somme toute est devenu le souci numéro 1 des citoyens tunisiens : la nourriture. On peut le déplorer, des milliers de fois, hélas c’est la triste réalité. Mais les annonces publiques qui ont accompagné ce don et qui forcément gênent les Tunisiens ont aussi gêné le Premier ministre libyen, toujours d’après Ghazi Moalla. Les choses n’auraient pas dû se passer ainsi, ajoute-t-il…
Il parle même d’un complot ourdi par des membres du cercle de Dbeibah pour torpiller les liens entre la Libye et la Tunisie. Il a dans la foulée invité le Premier ministre libyen à garder un oeil sur ses collaborateurs et bien surveiller ses arrières…
Cet expert, qui certainement en sait beaucoup, en a trop dit ou pas assez. Qui a ficelé ça sur le dos de Dbeibah ? Si effectivement un cabinet noir s’active au Premier ministère libyen ce ne serait pas sans danger sur les relations entre Tripoli et le voisinage. De toute évidence ce déballage est suffisamment grave pour que le soufflet ne retombe pas comme ça, des investigations très sérieuses s’imposent pour débusquer les dits complotistes.
Par ailleurs l’expert a reproché aux médias tunisiens d’avoir tendu leurs micros à Naim Chaibi. L’homme a fait valoir son statut d’attaché de la communication de l’ambassade libyenne en Tunisie alors qu’il n’avait pas encore été officiellement désigné, d’après Ghazi Moalla…
Bon, à la limite que Naim Chaibi soit intervenu dans les médias avant ou après son officialisation n’est pas important, tant que ce qu’il a dit n’a pas été officiellement démenti on considère qu’il parle au nom de la Libye. Et à ce qu’on sache cette aide ou don est bien arrivé en Tunisie et personne jusqu’ici, à Tripoli comme à Tunis, n’a remis en cause quoi que ce soit.
Il n’est pas impossible que le Premier ministre libyen ait pris part à toute cette affaire mais qu’il n’ait pas mesuré les conséquences de cette communication flamboyante, face à la fierté des Tunisiens. Il est possible que Dbeibah ait opéré un repli tactique à la vue de l’agitation en Tunisie et qu’il se dise que mettre ça sur le dos de prétendus moutons noirs au sein de son cabinet lui permettrait de sauver la face…
Rappelons l’épisode du don libyen de carburant en novembre dernier, que les autorités tunisiennes avaient tu. Finalement c’est le même Naim Chaibi qui avait ébruité l’affaire, et personne à Tripoli ne lui avait reproché une quelconque propagande ou le fait qu’il ne soit pas officiellement mandaté. Vous me direz que c’était plus facile à gérer pour les deux parties, ça n’avait pas la même connotation qu’un don de nourriture.
De toute évidence la Libye est très loin d’avoir retrouvé ses marques. L’expert a rappelé que l’ambassade de Libye en Tunisie est pilotée depuis des années par un chargé d’affaires, une anomalie qui s’éternise parce qu’il y a des tiraillements en Libye pour endosser le costume très convoité d’ambassadeur en Tunisie. On peut comprendre qu’ils se bousculent tous pour représenter leur pays chez le voisin, mais le fait que cette affaire dure autant est bien la preuve que la maison Libye n’est pas tenue.
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