Economie

En Afrique, les intérêts des dettes sont plus élevés que les dépenses pour l’éducation ou la santé (CNUCED)

En Afrique, les intérêts des dettes sont plus élevés que les dépenses pour l’éducation ou la santé (CNUCED)

La dette publique totale des pays en développement est passée de 35% du PIB en 2010 à 60% en 2021. De même, la dette publique extérieure est passée sur cette période de 19% à 29% du PIB, c’est ce qu’a révélé un rapport publié hier mercredi 12 juin 2023 par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). 

Selon le rapport intitulé « A world of debt – A growing burden to global prosperity », en comparant le niveau d’endettement à la capacité des pays en développement de générer des devises par le biais des exportations, il a été constaté que leur capacité à générer des recettes suffisantes pour assurer le service de leur dette extérieure s’est également détériorée.

Les populations en paient le prix

Certaines régions dépensent plus pour le service de la dette que pour servir leur population. En Afrique, le montant dépensé pour les paiements d’intérêts est plus élevé que pour l’éducation ou la santé. Les pays en développement d’Asie et d’Océanie (à l’exclusion de la Chine) allouent plus de fonds au paiement des intérêts qu’à la santé. De même, en Amérique latine et dans les Caraïbes, les pays en développement consacrent davantage d’argent au paiement des intérêts qu’à l’investissement. Partout dans le monde, l’augmentation du fardeau de la dette empêche les pays d’investir dans le développement durable.

Un nombre croissant de pays, d’après le rapport, se retrouvent piégés dans une situation où leur développement et leur capacité à gérer la dette sont compromis. Actuellement, au moins 19 pays en développement dépensent plus pour les intérêts que pour l’éducation et 45 dépensent plus pour les intérêts que pour la santé. Au total, 48 pays abritent 3,3 milliards de personnes, dont la vie est directement affectée par le sous-investissement dans l’éducation ou la santé en raison du lourd fardeau du paiement des intérêts.

Les emprunts extérieurs accroît l’exposition aux chocs

La part de la dette publique extérieure dans les exportations est passée de 71% en 2010 à 112% en 2021. Au cours de la même période, la part du service de la dette publique extérieure dans les exportations est passée de 3,9% à 7,4%, montrent les données onusiennes.

Ainsi, les pays en développement sont confrontés à des défis majeurs en raison des niveaux élevés de la dette publique extérieure, qui les rendent plus vulnérables aux chocs extérieurs. Lorsque les conditions financières mondiales changent ou dans le cas où les investisseurs internationaux deviennent plus réticents à prendre des risques, les coûts d’emprunt peuvent monter en flèche soudainement. De même, lorsque la monnaie d’un pays se dévalue, les paiements de la dette en devises étrangères peuvent monter en flèche, laissant moins d’argent pour les dépenses de développement.

S’appuyer sur des créanciers privés rend le crédit coûteux et la restructuration de la dette complexe

La CNUCED précise que les créanciers privés, tels que les détenteurs d’obligations, les banques et autres prêteurs, offrent un financement à des conditions commerciales. Au cours des dix dernières années, la part de la dette publique extérieure due aux créanciers privés a augmenté dans toutes les régions, représentant 62% de la dette publique extérieure totale des pays en développement en 2021.

La part croissante de la dette publique due aux créanciers privés présente deux défis.

Premièrement, emprunter auprès de parties privées coûte plus cher que le financement concessionnel de sources multilatérales et bilatérales. Deuxièmement, la complexité croissante de la base de créanciers rend plus difficile la réussite d’une restructuration de la dette en cas de besoin. Les retards et les incertitudes augmentent les coûts de la résolution des crises de la dette.

Une feuille de route pour financer le développement durable

Pour relever les défis de la dette mondiale et parvenir au développement durable, les Nations Unies, dans le cadre du plan de relance des ODD et de la note d’orientation sur l’architecture financière internationale du Sommet pour l’avenir, définissent clairement la voie à suivre :

  • Rendre le système plus inclusif, en améliorant la participation réelle et effective des pays en développement à la gouvernance de l’architecture financière internationale.
  • Fournir davantage de liquidités en temps de crise en élargissant le financement d’urgence.
  • S’attaquer au coût élevé de la dette et au risque croissant de surendettement et créer un mécanisme de restructuration de la dette.
  • Et assurer un financement plus important et de meilleure qualité augmente massivement le financement abordable à long terme.

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