Quand le patron du Trésor français, Emmanuel Moulin, se déplace à Tunis ça fait forcément jaser, certains allant jusqu’à faire des conjectures sur la taille du chèque qu’il a amené dans ses valises. Nous savons maintenant qu’il a laissé son chéquier à la maison et qu’il était venu surtout pour écouter, discuter et ausculter la malade, la Tunisie. Et ce que nous venons d’apprendre n’est pas de nature à rassurer sur l’état du pays et ses horizons…
Une source proche de cette affaire a révélé à Tunisie Numérique les détails de cette réunion cruciale à bien des égards. On a appris que les inquiétudes du Conseil d’administration de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) ne sont pas une vue de l’esprit. Le retard pris par la collecte des ressources extérieures est très préoccupant, quand on sait que la Tunisie devra décaisser en 2022 quelque 2,3 Milliards de dollars pour le service de la dette…
C’est d’autant plus problématique que pour honorer ces échéances de remboursement la Tunisie devra absolument retourner dans les bonnes grâces du FMI, ce qui ne se fera pas avant que Tunis ne mette en branle les réformes structurelles sur lesquelles il s’est engagé auprès de son principal bailleur. Bref, le serpent se mord la queue et ça c’est la pire des situations en macroéconomie…
Le directeur général du Trésor français a débarqué en Tunisie pour dire aux décideurs financiers, les yeux dans les yeux, qu’ils avaient mangé tout leur pain blanc et qu’il fallait s’atteler sans tarder aux réformes promises au FMI. C’est la seule façon de se mettre dans de bonnes dispositions pour faire face aux prochaines échéances de remboursement de la dette, et ça commence dès avril prochain…
Pour ceux qui ne l’avaient pas encore compris ce qu’a dit Moulin signifie une seule chose : Il n’y aura pas d’aide bilatérale, le temps où la France signait des chèques pour un appui budgétaire direct est révolu, Paris qui d’ailleurs ne manque pas de pépins en ce moment. Les autres partenaires occidentaux ne feront pas mieux en dehors des canaux du FMI. La Tunisie devra se dépatouiller avec le cadre très strict proposé par l’institution internationale pour espérer un peu d’oxygène…
Officiellement “l’homme qui souffle à l’oreille des présidents” était à Tunis pour donner un coup de main à l’Agence de la dette. La dette ou plutôt son remboursement, qui deviendra très vite le problème numéro 1 de la Tunisie, comme l’a dit Moulin. Il faut espérer qu’il ne reviendra pas à Tunis avec sa casquette de président du Club de Paris, car là ce sera le début d’un long tunnel dont le pays verra difficilement le bout…
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!
Commentaires