Economie

Fitch Ratings – Tunisie : Les tensions politiques en Tunisie continuent d’entraver la réforme

Fitch Ratings – Tunisie : Les tensions politiques en Tunisie continuent d’entraver la réforme

Lundi 30 mai 2022, Fitch Ratings a estimé dans un rapport que le gouvernement tunisien et l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) pourraient trouver un consensus sur un ensemble de réformes économiques pour débloquer le financement du FMI et soutenir le financement extérieur du pays, mais les tensions sur l’avenir politique entravent encore tout accord. Cette situation augmente les risques sur l’entrée de la Tunisie dans un programme du FMI d’ici la fin du 3 ème trimestre de l’année en cours.

Selon Fitch Ratings, l’annonce par l’UGTT le 23 mai qu’elle ne participerait pas au dialogue national proposé par le président de la République pour soutenir les réformes politiques et qu’elle organiserait une grève nationale dans le secteur public a mis en évidence les divergences sur le processus de réforme. Une commission constitutionnelle a été également mise en place pour faire avancer les réformes, et un référendum sur une nouvelle constitution devrait avoir lieu en juillet, avec des élections législatives fin 2022.

L’Agence ajoute dans son rapport que quatre organisations nationales ont été invitées à joindre le dialogue : l’UGTT, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), la Ligue tunisienne des droits de l’homme et le Barreau national. Les partis politiques n’ont pas été invités à y participer.

Le FMI a déclaré en 2021 que la dette de la Tunisie deviendrait insoutenable à moins qu’un programme de réforme solide et crédible ne soit adopté avec un large soutien, rappelle-t-on. Malgré la montée des risques financiers et politiques, on s’attend toujours à ce que la Tunisie présente un plan de réforme crédible au FMI, avec un financement important des créanciers décaissé d’ici la fin de l’année. Dans un scénario ou la réforme n’aurait pas lieu, la Tunisie pourrait aller au Club de Paris avant de devenir éligible à un financement supplémentaire du FMI, précise Fitch.

Un éventuel consensus national renforcerait la crédibilité d’un programme de réforme économique et augmenterait considérablement la probabilité d’un accord de financement avec le FMI, selon Fitch. L’agence estime que malgré la popularité du président Kais Saied, faire adopter des réformes politiques et économiques sans le soutien de l’UGTT serait difficile. L’UGTT conditionnera son soutien aux réformes économiques à la préservation de son rôle politique influent dans le cadre du nouvel ordre institutionnel. Néanmoins, il existe un risque que les réformes ne soient pas adoptées à temps pour garantir un programme de financement du FMI avant que les tensions sur les liquidités externes ne s’aggravent, même si l’UGTT finit par les soutenir.

Les décaissements récents, de la Banque mondiale, de l’UE et d’Afreximbank, ont atténué l’impact à court terme sur la position extérieure de la Tunisie des sorties plus fortes du compte courant causées par la hausse des prix mondiaux des matières premières, telles que le pétrole et le blé, en raison de la guerre en Ukraine, note l’agence de notation qui prévoie que la Tunisie affichera un déficit du compte courant de 8,4 % du PIB en 2022 (contre 6,3 % en 2021).

La hausse des prix à l’importation a également aggravé les pressions inflationnistes et alourdi la facture des subventions du gouvernement. En partie en conséquence, Elle s’attende à ce que le déficit budgétaire se creusera à 8,5 % du PIB en 2022, contre 7,8 % en 2021. La banque centrale a relevé son taux directeur de 75 points de base en mai à 7 %, ce qui pourrait contribuer à refroidir la demande, mais il est peu probable que la Tunisie attire beaucoup d’investissements privés internationaux, compte tenu des défis économiques auxquels le pays est confronté, conclut l’agence.

Rappelons que Fitch a abaissé la note de la Tunisie à « CCC » de « B- » en mars 2022, en raison de risques accrus de liquidité budgétaire et externe après de nouveaux retards dans la conclusion d’un nouvel accord avec le FMI à la suite de changements politiques de juillet 2021 qui ont vu le président suspendre le Parlement et révoquer le président du gouvernement et ce, en l’absence d’un accord avec le FMI, nécessaire pour accéder à l’aide budgétaire de la plupart des créanciers publics.

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