L’Algérie française a défilé ce jeudi 7 décembre au Parlement français, sous l’oeil intéressé des troupes – 89 députes – de l’extrême droite de Marine Le Pen dont le papa – Jean-Marie Le Pen – a fait les horreurs que l’on sait aux Algériens durant la guerre. Mais aujourd’hui c’est la droite – Les Républicains, LR – qui régalait avec une proposition de loi qui propose de sabrer carrément les Accords historiques de 1968. Ratage total…
Rappelons que ces accords, qui marquèrent la fin du conflit sanglant entre les deux pays, ont instauré des facilités pour la migration et l’installation des ressortissants algériens sur le sol français. L’extrême droite, qui a recruté dans les rangs des Français ayant combattu en Algérie, n’a jamais digéré ce pacte. Mais les amis des Le Pen ne sont pas les seuls à fulminer contre ce document, la droite aussi.
Même l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui dit-on est le candidat du président Emmanuel Macron pour les élections de 2027, s’est engouffré dans la brèche pour l’exploiter politiquement. En juin dernier il avait défendu dans le journal “L’Express” la nécessité d’enterrer ce texte au motif qu’il ne colle plus à la conjoncture, principalement le froid diplomatique qui souffle entre l’Algérie et la France depuis des mois…
Mais personne n’est dupe, il s’agit surtout pour Philippe et LR d’émettre en direction de l’électorat xénophobe des signaux sur le combat contre l’immigration illégale. Et les députés ne se sont pas économisés à l’Assemblée nationale. «Il est impensable de voter un texte défendu par une descendante de l’OAS [Organisation de l’armée secrète] et applaudi par les héritiers des tortionnaires de l’Algérie», a asséné la députée écologiste Sabrina Sebaihi.
Un tacle adressé à l’élue LR Michèle Tabarot, la fille de Robert Tabarot, l’un des dirigeants de l’OAS à Oran. Mme Tabarot a répliqué ceci : «Le règlement interdit toute mise en cause personnelle, comme vous l’avez fait. Je vous rappelle que je suis fière de mon histoire familiale, je n’ai pas de leçons à recevoir de vous, vous étiez les amis du FLN et vous êtes les amis du Hamas». Une pique accueillie par des clameurs, des deux côtés.
A noter que le gouvernement français était vent debout contre la liquidation des Accords de 1968. Vous imaginez les dégâts alors que le président de la République fait tout pour se réconcilier avec l’Algérie. Macron est certes un bon copain de Philippe (ce dernier n’a pas voulu dire “ami” sur le plateau de Léa Salamé, sur France 2) mais sur ce coup il ne suivra pas son ancien Premier ministre.
Ce qu’il est important de retenir c’est que la proposition de loi a fait un flop, retoquée par 151 voix et soutenue par 114. Fin de l’histoire ? Certainement pas vu les bons sondages de Marine Le Pen pour les prochaines échéances électorales, elle qui dès novembre 2021 avait évoqué la suppression des visas pour les Algériens.Mais on n’en est pas là, pour l’instant l’honneur de la France est sauf et elle s’évite bien des pépins. Et pour l’Algérie c’est une victoire éclatante sans avoir livré bataille.
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