La campagne électorale de tous les dangers pour la minorité musulmane en Inde, martyrisée par le parti nationaliste hindou au pouvoir, le BJP (Bharatiya Janata Party), dans l’indifférence générale de la communauté internationale. Les législatives ont débuté il y a trois semaines et se dérouleront en 7 phases, dans cet immense pays de 3 287 263 km2 peuplé par près de 1,5 milliard de personnes. La moitié des électeurs n’ont pas encore fait leurs choix, ils ont jusqu’au 1ᵉʳ juin prochain. Tout ce beau monde parie sur l’avenir, le futur de la 5e puissance économique mondiale. Tout le monde croit aux lendemains qui chantent sauf les musulmans. Le ministre de l’Intérieur a annoncé la couleur en décochant les premières flèches islamophobes.
C’était hier jeudi 9 mai dans l’État méridional du Telangana, lors d’un meeting électoral du BJP, qui écrase la vie politique du pays depuis des années et écrasera très certainement ces législatives. Le ministre de l’Intérieur et patron du parti au pouvoir, Amit Shah, a clamé ceci en direction de ses opposants musulmans : «Lors de ces élections, c’est Rahul Gandhi contre Narendra Modi. Mais c’est surtout un vote pour le jihad contre un vote pour le développement». Il parle tout de même d’une formation, le parti du Congrès, qui a piloté la nation durant un demi-siècle.
Dans un pays où les musulmans subissent fréquemment des exactions une telle sortie équivaut à un appel public à la violence, mais personne ne s’en offusque depuis que le BJP a repris les rênes de la “plus grande démocratie du monde” – tout est relatif -, en 2014. Rappelons que le Premier ministre Narendra Modi a fait ses armes dans ce parti d’extrême droite, dans les rangs des groupuscules tristement célèbres pour leurs expéditions punitives contre les minorités, musulmanes et chrétiennes.
Depuis quelques semaines les tensions sont montées de plusieurs crans, surtout dans les États du sud du pays où la majorité présidentielle est minorisée. Le ministre de l’Intérieur fait feu de tout bois pour galvaniser la majorité hindoue et changer les rapports de force. Dans l’État du Karnataka le BJP a mis en ligne la semaine dernière une vidéo insoutenable montrant un musulman diabolique qui oeuvre pour écarter les communautés d’hindous, avec le concours de Rahul Gandhi…
Et que dire du Premier ministre qui s’est laissé à des horreurs du genre le Congrès manoeuvre pour voler l’or des hindous et le remettre aux musulmans. Bien entendu toute attaque contre une communauté religieuse, quelle qu’elle soit, est punie par la loi en Inde, mais la Commission des élections ne lèvera pas le petit doigt contre le BJP. Personne ne bougera parce que deux des trois membres de cette instance ont été choisis par le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre, à la veille des élections.
On a vu mieux comme vertus démocratiques. Mais tout ça les dirigeants qui déroulent le tapis rouge à Narendra Modi aux quatre coins du monde s’en moquent. Le 14 juillet 2023 il était l’invité d’honneur de la Fête nationale du “pays des droits de l’Homme”, la France ; il a même été décoré, la plus haute distinction de la République. Nous savons tous que l’argent n’a pas d’odeur, pour Emmanuel Macron comme pour tous les autres…
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