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Italie : Des privatisations sans précédent pour éponger une dette publique colossale, la deuxième de la zone euro

Italie : Des privatisations sans précédent pour éponger une dette publique colossale, la deuxième de la zone euro

On sait qu’en politique les vérités d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui. “Non à la privatisation de Poste Italiane, c’est un joyau qui doit rester entre les mains des Italiens“, avait clamé Giorgia Meloni en 2018 sur sa page Facebook. Depuis octobre 2022 elle met les mains dans le cambouis, comme Présidente du Conseil italien  et surtout elle découvre les réalités d’un pays englué dans ses créances, la dette publique la plus élevée de la zone euro après la Grèce. C’est dire la gravité de la situation et l’urgence des remèdes pour corriger rapidement la trajectoire. La patience des autres Etats-membres de l’Union européenne (surtout l’Allemagne) et les fonds européens (l’Italie est parmi les grands bénéficiaires des financements européens) ont des limites…

Le salut passera par des cessions à des investisseurs internationaux. Le gouvernement se fixe un premier objectif de 20 milliards d’euros d’ici 2026 grâce à une vague de privatisations. Et évidemment la Poste, qui rapporte gros aux caisses publiques grâce à l’assurance et à la banque, fera partie de la première charrette. Outre ce fleuron il y a aussi les parts de l’Etat dans la compagnie des chemins de fer, Ferrovie dello Stato et dans le ténor des hydrocarbures Eni.

Mais attention : Pour l’équipe de Giorgia Meloni pas question de céder les bijoux de famille à vil prix. “Notre approche sera à des années-lumière de ce que nous avons vu dans le passé, quand les privatisations rimaient avec cadeaux à des entrepreneurs chanceux“, avertit la cheffe du gouvernement. “Nous pouvons vendre certaines parts dans des entreprises publiques sans compromettre le contrôle public“, a-t-elle ajouté. Alors Oui, le gouvernement est aux abois et a besoin de sous mais pas au point de tout bazarder.

Pourtant Mme Meloni a dû revoir à la baisse ses ambitions à la Poste : au départ elle voulait conserver une majorité de 51%, finalement le ministre des Finances Giancarlo Giorgetti a parlé vendredi dernier d’un seuil minimal de 35%. Donc il n’est pas exclu que les autorités fassent d’autres concessions sur d’autres privatisations pour que les investisseurs ne soient pas effrayés par la majorité de blocage de l’Etat qui rendrait ces sociétés moins appétissantes.

A noter que le Trésor public contrôle 29,26% de Poste Italiane, plus les 35% détenus par la Caisse des dépôts italienne (CDP). Si tout ce paquet est cédé l’Etat encaissera 3,9 milliards d’euros, ce qui fait près du cinquième des 20 milliards que le gouvernement projette de mobiliser.

Le gouvernement “se réclame toujours de la patrie et aujourd’hui, il commence à vendre la patrie. Nous pensons que la patrie ne se vend pas“, s’est insurgé hier dimanche Andrea Orlando, député du Parti démocrate (centre gauche). En face le gouvernement assure qu’il consolidera la “présence de l’Etat là où elle est nécessaire“, comme dans le cas de l’aciérie ex-Ilva, au fond du trou financièrement.

Rappelons que la vague de privatisations a commencé en novembre 2023, avec la cession de 25% du capital de Monte dei Paschi di Siena que l’Etat avait détenu jusqu’à 64%. Cette première opération avait rapporté 920 millions d’euros. Sur ce dossier c’est la Commission européenne qui avait obligé l’Italie à se désengager de cette banque, conformément à la législation européenne en la matière…

Mais il sera plus difficile pour Rome d’accepter que l’allemand Lufthansa entre dans le capital de la compagnie publique ITA Airways, ex-Alitalia. Les autorités italiennes freinent toujours par crainte des déflagrations de cette concurrence imposée par Bruxelles.

Le gouvernement de Mme Meloni s’est imposé cette saignée pour tasser le ratio de la dette publique jusqu’à 139,6% du PIB en 2026, contre 140,2% actuellement et 140,6% si rien n’est fait rapidement. Reste à savoir si ce sera suffisamment puissant pour impacter de manière notable une dette de plus de 2800 milliards d’euros…

 

 

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