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La Tunisie à la croisée des chemins : Réforme impérative pour un avenir énergétique vert

La Tunisie à la croisée des chemins : Réforme impérative pour un avenir énergétique vert

La Tunisie, tout comme de nombreux pays à travers le monde, est confrontée au défi crucial de basculer vers les énergies renouvelables. Cette transition, non seulement essentielle d’un point de vue environnemental, mais également économique, semble toutefois stagner. Malgré des débuts prometteurs, le pays peine à concrétiser pleinement cette transformation. Une révision urgente de la réglementation en vigueur s’avère impérative pour raviver la confiance des investisseurs privés dans le secteur.

Les premiers pas vers cette transition énergétique remontent à 2009, avec l’élaboration du premier Plan solaire tunisien (PST) et l’établissement d’un cadre réglementaire favorable à la production d’énergies renouvelables. Cependant, après 2011, l’attention s’est détournée de ces efforts, focalisée sur les tumultes politiques qui ont suivi.

Réforme réglementaire

Malgré l’adoption du décret n° 2017-983 en juillet 2017, définissant les règles d’organisation et de fonctionnement du Fonds de Transition Énergétique (FTE), les mécanismes techniques d’accompagnement, tels que les prêts supplémentaires ou les participations au marché des capitaux, demeurent à préciser. Actuellement, le FTE se limite à l’octroi de subventions, ce qui limite son efficacité pour soutenir le développement des énergies renouvelables dans le pays.

La réforme réglementaire s’est poursuivie en 2015 avec la promulgation d’une loi visant à organiser la production d’électricité à partir des énergies renouvelables, ouvrant ainsi la voie aux investissements privés et à la libéralisation des règles de production et d’exportation d’énergie propre. En juillet 2016, le gouvernement a adopté la dernière version du PST, visant une capacité totale installée en énergies renouvelables de 1 860 mégawatts d’ici 2023 et 3 815 mégawatts d’ici 2030, représentant 30% du mix énergétique.

Objectifs ambitieux

Cependant, malgré ces avancées, la capacité installée en énergies renouvelables dépasse à peine les 500 mégawatts, ne représentant que 2,4% du mix de production électrique. Ces chiffres sont bien en deçà des objectifs ambitieux fixés par le plan initial. Pourquoi alors ce retard dans une transformation aussi cruciale pour l’économie du pays ?

La transition énergétique est devenue un enjeu fondamental pour la Tunisie, confrontée à une dépendance énergétique croissante, passée de 5% en 2010 à environ 50% en 2022. Cette dépendance a considérablement alourdi la facture des subventions énergétiques, atteignant en 2022 la somme de 7,9 milliards de dinars.

Au cours de la dernière décennie, la Tunisie est passée sous le radar des investisseurs dans le domaine des énergies renouvelables, alors que des pays voisins ont profité d’un marché en plein essor. Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), l’Afrique du Nord était le deuxième bénéficiaire des investissements dans les énergies renouvelables sur le continent entre 2000 et 2020, avec le Maroc et l’Égypte en tête. En 2020, les investisseurs privés représentaient 65% des financements injectés dans les énergies renouvelables en Afrique du Nord, contre seulement 11% en 2013.

Énergies renouvelables et secteur privé

Dans le monde, environ 75% des investissements dans les énergies renouvelables sont financés par le secteur privé. Ainsi, une révision de la réglementation est nécessaire pour renforcer la confiance des investisseurs privés dans le secteur tunisien des énergies renouvelables. Réduire la complexité des procédures administratives, raccourcir les délais d’octroi des accords, standardiser les documents contractuels pour les offres, et mettre en place des mécanismes de garantie contre les risques de l’acheteur sont autant de recommandations émises par l’IRENA pour rendre le secteur plus attractif.

La Tunisie se trouve à un carrefour critique dans sa transition vers les énergies renouvelables. Une révision approfondie de la réglementation et un engagement renforcé en faveur de l’attraction des investissements privés sont indispensables pour concrétiser cette transition, assurant ainsi un avenir énergétique durable pour le pays.

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