Economie

Les acrobaties de la ministre du Commerce pour imposer la fin des subventions

Les acrobaties de la ministre du Commerce pour imposer la fin des subventions

La ministre du Commerce et du Développement des exportations, Fadhila Rabhi, est sans doute la responsable la plus guettée en ce moment, avec toute cette grogne autour de la flambée des prix. La dernière fois que Tunisie Numérique l’a interviewée elle donnait des assurances sur les denrées de première nécessité, notamment le pain. La ministre est-elle toujours aussi optimiste ? Sur certaines choses oui, très optimistes même, sur d’autres ses propos sont de nature à inquiéter les consommateurs…

Pour ce qui est des besoins en blé et farine, la ministre a affirmé sur la radio publique que jusqu’au mois de mai prochain les citoyens n’ont rien à craindre, l’Etat fera ce qu’il faut. Et après la suite… ?

Au sujet de la pénurie de pain, je tiens à dire que chaque boulangerie reçoit quotidiennement sa ration de farine. Les boulangeries qui n’ont plus de pain l’après-midi ont tout simplement consommé la totalité de leur produit en une seule matinée», a déclaré Fadhila Rabhi…

Elle a affirmé que son département a demandé aux boulangeries d’étaler la production sur toute la journée afin de répondre aux besoins. «Je tiens à souligner que le pain commercialisé à 230 millimes coûte en réalité 690 millimes. Le prix réel de la baguette proposée à 190 millimes est de 420 millimes. C’est indexé sur les prix du blé importé. Durant l’année 2022, le prix réel d’une baguette pourrait monter à 450 millimes». Les consommateurs sont avertis…

A propos du sucre, autre sujet d’inquiétude, la ministre a déclaré que le prix réel du kilo de sucre est de 2,200 dinars alors qu’il est commercialisé à 1,400 dinar. Elle a confié que l’Office du commerce tunisien perd quotidiennement 1,3 million de dinars rien que pour le sucre et le café. «Le sucre est nuisible pour la santé et le budget de l’Etat. Il ne doit pas être subventionné», a-t-elle ajouté. De là à dire que le gouvernement va utiliser à fond l’argument santé pour supprimer plus tôt que prévu la subvention sur le sucre il n’y a qu’un pas…

Autre argumentaire de la ministre pour sans doute préparer les esprits à la disparition des subventions : la spéculation et le détournement des produits de base. Fadhila Rabhi est d’avis que seule la suppression du système de compensation des prix pour migrer d’ici 2023 vers la compensation des revenus réglera le problème. “Des personnes ont intérêt à pérenniser l’instabilité pour prospérer avec la contrebande. Le couscous tunisien subventionné s’est même retrouvé sur le marché parallèle au Niger, au Soudan et au Tchad», a lâché Fadhila Rabhi. 

On peut aussi voir les choses sous un autre angle : l’Etat, avec toute l’armada de policiers et gendarmes dont il dispose, sans parler des douaniers, devrait pouvoir stopper ça. C’est l’essence même des forces publiques, non ? Pourquoi l’Etat est impuissant face à ce fléau ? Ça aussi la ministre du Commerce devrait en parler au lieu de voir le problème que sous le prisme de la punition collective – la fin des subventions – pour régler un problème endémique…

Au sujet de l’huile végétale, elle a déclaré que 7000 tonnes en provenance de la Russie vont débarquer en Tunisie la prochaine prochaine et que 12 000 tonnes seront ventilées sur les circuits officiels en mars 2022. “Nous avons aussi émis un appel d’offres pour importer 15 000 tonnes…“. Pourvu que cette marchandise n’atterrisse pas dans les dépôts des contrebandiers, comme le méga scandale de Zaghouan

Enfin s’agissant des œufs, du lait, des viandes rouges et d’autres produits de première nécessité, la ministre assure que les autorités ont stocké ce qu’il faut. «J’invite le consommateur tunisien à ne pas paniquer. Les produits sont là en quantités suffisantes. Nous devons stopper le gaspillage», a-t-elle dit…

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