Economie

L’explosion des importations des carburants à 15 milliards de dinars pèsent lourd sur les fondamentaux économiques

L’explosion des importations des carburants à 15 milliards de dinars pèsent lourd sur les fondamentaux économiques

Le creusement continue du déficit énergétique en Tunisie est devenue une réelle menace au niveau de la viabilité des équilibres budgétaires, d’une part et quant à son impact sur l’érosion des réserves en devises, d’autre part. La facture énergétique assumée actuellement par le pays est devenue un sérieux handicap à la pérennité des secteurs économiques et à la préservation de leurs fondamentaux.

Il est clair que la Tunisie n’a d’autres choix que de s’engager dans une politique d’optimisation de l’exploitation de ses richesses fossiles, de renforcement des programmes d’efficacité énergétique et évidemment de développement des énergies renouvelables dont les forts potentiels sont faiblement exploités jusqu’ici. Cependant, très peu d’efforts sont déployés pour concrétiser ces objectifs certes faute compétences mais surtout en raison de l’absence de volonté pour les mettre en œuvre.

Déficit galopant

Le déficit de la balance commerciale énergétique est passé de 5624 millions de dinars (MD) en 2021 à 9667 MD en 2022, soit une augmentation de 72% (en tenant compte de la redevance du gaz algérien exportée), selon le dernier bulletin de la conjoncture énergétique de l’Observatoire National de l’Energie et des Mines.

Les échanges commerciaux dans le secteur de l’énergie sont très sensibles à trois facteurs à savoir les quantités échangées, le taux de change $/DT et les cours du Brent ; qualité de référence sur laquelle sont indexés les prix du brut importé et exporté ainsi que les produits pétroliers.

Au cours de l’année 2022, les cours du Brent ont enregistré une augmentation de 30$/bbl : 101 $/bbl à fin décembre 2022 contre 71$/bbl à fin décembre 2021. Durant la même période, le dinar tunisien a connu, une dépréciation par rapport au dollar américain de 11%, principale devise d’échange des produits énergétiques en comparaison avec la même période de l’année dernière.

Les exportations des produits énergétiques ont enregistré une hausse en valeur de 59% à 5290 millions de dinars accompagnée par une hausse des importations en valeur aussi de 67% à 14958 millions de dinars.

La production nationale de pétrole brut s’est située à 1656 kt à fin décembre 2022 enregistrant ainsi une baisse de 14% par rapport à fin décembre 2021. Cette baisse a touché la plupart des principaux champs à savoir Halk el Manzel qui vient d’entrer en production en 2021 (-66%), Baraka (-60%), Adam (-23%), El borma (-9%), Cherouq (-23%), Hasdrubal (-15%), M.L.D (-14%), El Hajeb/Guebiba (-8%) et Cercina (-11%).

Le climat d’incertitude bloque le développement du secteur de l’Energie

La Tunisie a été confrontée, particulièrement en 2022, à des pénuries de carburants provoquant des inquiétudes, tandis que les autorités cherchent à obtenir de la liquidité vitale pour financer le remboursement de la dette et les dépenses de l’État.

Le gouvernement nie constamment qu’il a du mal à payer à temps les factures des importations des produits subventionnés notamment le blé, l’huile végétale, le sucre et surtout les hydrocarbures sachant que le déficit énergétique ne cesse de se creuser à des niveaux inédits.

La baisse des investissements dans le secteur de l’énergie en Tunisie expose le pays à d’énormes pressions notamment l’augmentation de ses prix dans le monde, tandis que maints obstacles entravent la transition énergétique du pays dans une optique juste, durable et inclusive à un moment où plusieurs pays africains et autres s’orientent vers le développement de la production d’énergies alternatives.

L’entrave à une transition énergétique juste en Tunisie entraînera sûrement une augmentation du coût des importations dans les années à venir, ce qui affectera particulièrement plusieurs secteurs notamment le transport.

La Tunisie fait partie des 33 pays africains sur 195 qui ont signé l’Accord de Paris sur le climat de 2015, qui vise à limiter l’augmentation mondiale de la température à moins de deux degrés Celsius au cours de ce siècle via une transition énergétique durable et équitable.

Au cours des dix dernières années, le secteur de l’énergie a été au centre des conflits multiples ce qui rend aujourd’hui impératif pour les autorités tunisiennes de trouver les équilibres financiers remédiant à la hausse des prix de l’énergie tout en envisageant d’urgence tous les plans alternatifs limitant le recours à l’approvisionnement en pétrole et ses dérivés, ce qui nécessite nécessairement d’éloigner le secteur des turbulences et des tensions.

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