Economie

LF 2023 : Convoquer la presse juste pour insulter l’intelligence des citoyens

LF 2023 : Convoquer la presse juste pour insulter l’intelligence des citoyens

Quand le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed, a convoqué la presse ce lundi 26 décembre tout le monde a pensé qu’il allait procéder à une explication de texte sur des choses pas suffisamment explicitées par la Loi de finances 2023, voire lever un coin du voile sur ce qu’il allait faire pour requinquer l’économie du pays – son fameux Plan de relance. Que Nenni. Samir Saïed est juste venu pour dire ce que tout le monde savait déjà : 2023 sera un enfer et nous allons tous trinquer

Pour illustrer cette année dantesque le ministre a lâché le taux d’inflation de 10,5% que les citoyens tunisiens devront se farcir. Bon, tout le monde aura compris que ce chiffre est très certainement largement minoré, c’est d’ailleurs la loi du genre. Bref, il faut s’attendre à bien pire. Le ministre a ajouté que la Tunisie est capable de contenir ce taux d’inflation, contrairement à d’autres pays, mais il n’est pas allé jusqu’à dire comment. Donc sur ce dossier comme sur bien d’autres nous resterons sur notre faim…

Puis, dans un élan qu’il a fait passer pour un exercice de vérité, le ministre a dit que le pays est contraint de se rabattre sur le FMI. Comme si là aussi on le savait pas. Mais ce qui est plus problématique c’est la suite de son discours devant la presse : ”Le seul Plan B qu’on a c’est plus d’impôts et la réduction du budget affecté à l’investissement public et aux mesures sociales”, a-t-il déclaré…

Sauf que le Plan B on y est déjà Monsieur le ministre. La hausse des taxes on l’a bien sentie dans cette Loi de finances 2023, assumée publiquement par sa collègue Sihem Nemsia. Mais ce qu’on ne comprend pas et qui défie toute orthodoxie financière c’est qu’on fasse monter les impôts (la Tunisie est déjà l’un des pays les plus taxés en Afrique) pour financer le train de vie de l’Etat, en d’autres termes les dépenses de fonctionnement – essentiellement les salaires de la fonction publique. C’est un mépris total de toute logique économique !

Un budget 2023 qui monte à quelque 70 milliards de dinars, près de 43% du PIB tunisien (à peine 13 milliards en 2010) alors que dans le même temps l’investissement public est réduit à portion congrue, c’est sur cette anomalie qu’on attendait le ministre de l’Economie. Un budget où tout et tout le monde se servent – même la présidence de la République – sauf la politique qui sert à relancer le pays, c’est sur ça qu’on attendait Samir Saïed. Il est peut-être passé entre les gouttes de la presse mais il ne pourra pas faire l’économie d’une franche explication auprès des bailleurs de la Tunisie…

Le pays va boucler l’année avec un déficit de près de 10 milliards de dinars, à en croire la Loi de finances complémentaire de 2022, auquel s’ajoute un besoin de financement extérieur de 16 milliards de dinars pour 2023. Bonjour les explications devant les partenaires étrangers, quand on sait qu’il faudra courir 48 mois pour avoir le 1,9 milliard de dollars du FMI. Le trou béant de la Loi de finances 2023 on le voit d’ici, déjà, avec son corollaire : Une Loi de finances complémentaire, une de plus.

Nous allons nous arrêter là pour ne pas assommer davantage les citoyens à la veille de cette “Annus horribilis“. Que la situation soit ce qu’elle est, par la faute de ceux qui ont piloté le pays dans cette décennie noire et qu’il faille du temps et des sacrifices pour apporter des correctifs, on peut l’admettre. Mais que les gouvernants nous embarquent dans des voies qui ne feront qu’aggraver nos problèmes et essayent en plus de faire passer les vessies pour des lanternes, là ils insultent notre intelligence. Attention au retour de bâton fiscal…

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