On avait presque oublié qu’une surtaxe américaine ravageuse pendait au nez des Européens. Ils ont sans doute été endormis par la suspension de 90 jours décrétée par le président Donald Trump – le temps de la négociation – et par le fait que la Maison-Blanche a flanché face à la résistance chinoise. Théoriquement les 27 Etats-membres de l’Union européenne (UE) ont les mêmes armes que Pékin, voire davantage, mais ce qui leur manque c’est la volonté et surtout l’unité. En dépit de leur grandiloquence ils sont terrifiés par le combat contre les USA, comme ils sont terrifiés par leurs responsabilités face à la Russie. Trump vient de secouer l’UE…
«Il est très difficile de traiter avec l’UE, qui a été créée en premier lieu pour profiter des Etats-Unis d’un point de vue commercial. (…) Nos discussions ne vont nulle part. Dans ces conditions je recommande d’imposer 50% de droits de douane sur l’UE, à compter du 1er juin. Il n’y a pas de droits de douane sur les produits fabriqués aux Etats-Unis», a-t-il posté sur sa réseau “Truth Social”.
Le républicain a également fustigé les «barrières commerciales, la TVA, les sanctions ridicules contre les entreprises, les barrières non-douanières, les manipulations monétaires, les poursuites injustifiées et injustes contre des entreprises américaines, qui ont conduit à un déficit commercial de plus de 250 millions de dollars par an, ce qui est totalement inacceptable».
Le président américain s’est plaint à plusieurs reprises du déficit commercial des Etats-Unis dans ses échanges avec l’Europe, il a évalué le trou des USA à 300-350 milliards de dollars. Mais il faut se méfier des estimations de Trump, elles sont très souvent éloignées de la réalité et servent son agenda économique et financier. D’après les données du représentant de la Maison-Blanche au Commerce (USTR), le déficit commercial des USA vec l’UE serait plutôt de l’ordre de 235 milliards de dollars, en 2024.
Mais même ces chiffres sont jugés fantaisistes par la Commission européenne, elle parle de 150 milliards d’euros (quelque 160 milliards de dollars) pour les seuls biens, et 50 milliards d’euros en y greffant l’excédent commercial américain dans les services. On est donc très loin des montants astronomiques avancés par Trump pour justifier ses frappes.
Quant aux droits de douane qui sévissent actuellement sur les produits européens ils montent à 12,5% en moyenne, contre 2,5% avant le retour de Trump à la Maison-Blanche. Il a ajouté 10% depuis début avril dernier, au nom des droits de douane dits «réciproques», une affaire qui a été gonflée pour “racketter” les Européens.
Théoriquement la trêve décrétée par Washington s’achève début juillet, mais Trump n’a pas attendu pour brandir 50% de surtaxe. Dans ce dossier il n’y a aucune rationalité, comme dans tous les autres défrichés par le républicain depuis le 20 janvier 2025. Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a multiplié les discussions ces dernières semaines avec les responsables américains, notamment le secrétaire au Trésor Scott Bessent, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick et le représentant au Commerce Jamieson Greer…
Mais rien n’a bougé. A ce stade on ne voit pas comment les deux parties pourront éviter un combat frontal. Les pays européens ne parlent que de Vladimir Poutine et des sanctions pour lui couper l’appétit, un 17e paquet de sanctions est parti. Si leurs tirs avaient été efficaces ils n’auraient pas besoin d’autant de munitions. L’UE devra ajouter Trump à ses problèmes. Sur ce dossier comme sur la guerre en Ukraine elle est condamnée à l’efficacité.
La Chine a proposé dernièrement aux Européens de pactiser pour faire front contre Trump dans la guerre commerciale ; mais Pékin, on le sait, ne bouge que pour son propre agenda et n’hésite pas à canarder ses “amis” si ses intérêts le dictent. Si le président Xi Jinping parvient à accorder ses violons avec son homologue américain l’UE et ses problèmes ne pèseront pas lourd sur la balance.
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