Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.
Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.
Le mari: Saber, 52 ans fonctionnaire cadre dans un Ministère.
La femme: Najoua, 47 ans, femme au foyer.
Le couple habite à l’Ariana avec leurs deux fils de 23 ans et 17 ans.
Saber est propriétaire de sa maison. Son salaire de 1.500 DT par mois est l’unique source de revenu de la famille. Najoua n’a jamais travaillé.
Le fils cadet est un étudiant à l’lnstitut Supérieur Des Sciences Humaines de Tunis.
Le benjamin est un lycéen en section mathématiques.
La 206 de Saber
“J’ai acheté ma voiture sur Internet. C’est une Peugeot 206 de deuxième main. Elle m’a couté 14.000 dinars, je n’avais que 8.000 dinars d’économies. Pour la somme manquante de 6.000 dinars j’ai dû contracter un crédit bancaire. Chaque mois je rembourse 180 DT “, dit Saber.
“J’utilise ma 206 pour nos sorties en famille, pour nos vacances ou pour les courses dans le quartier. Pour aller au travail au centre ville, je préfère le métro, c’est plus pratique. Je sors très tôt le matin, avant les embouteillages. Je prends mon petit déjeuner au café, tranquille, je démarre ma journée.” Saber dit que le métro lui permet d’eviter le stress de conduire au centre-ville et de faire des économies car le prix de l’essence et les frais d’entretien de la voiture ont considérablement augmenté.
Une famille connectée
“Toute la famille utilise Internet pour commander et acheter essentiellement via les réseaux sociaux, c’est Najoua qui les a contaminés”, dit Saber en échangeant un regard coupable avec Najoua.
Najoua réplique avec dynamisme : “Toute la journée je suis sur Facebook, je surveille les pages dont je suis abonnée. J’achète plein des choses sur Facebook : les vêtements, la vaisselle, les chaussures, le linge de maison. Même si parfois c’est plus cher que d’acheter en ville, je considère que je suis gagnante parce que je ne sors pas de chez moi, je ne suis pas obligée de me déplacer en magasin et je suis livrée en tout confort.
Mes enfants font leurs achats sur Internet eux aussi comme moi. On regarde les “lives” avec les démonstrations des produits pour faire notre choix. Les vidéos live sont mieux que les photos, il y a moins d’arnaque, je pense. “
Najoua : “Nous vivons à une époque où Internet est vitale. Pour mes enfants Internet est indispensable pour les études. Pour moi, c’est mon passe-temps.”
Priorités de la famille et argent de poche
Najoua : “On n’a pas de budget fixe pour ça. Le salaire de Monsieur est dépensé selon ces priorités :
- Nos enfants
- L’alimentation de la famille
- Le crédit, les frais de voiture et les factures
Ce qui reste est pour nous : moi et mon mari. “
Najoua Rajoute : “Je ne dépense pas beaucoup pour moi, sauf pour le coiffeur et quelques produits de beauté essentiels”.
Le fils cadet dispose de 150 DT par mois pour ses déplacements à la fac.
Le benjamin n’a pas besoin de transport pour aller au lycée qui est assez proche de la maison familiale.
Budget “Alimentation” pour 4 personnes : 650 DT/mois, “parfois ça ne suffit pas.”
Saber : “En cas de crise à la fin du mois, j’emprunte à mes frères, pour me dépanner.”
Najoua intervient avec un long soupir : “On mange principalement du poulet et de la dinde. Une fois par semaine c’est la viande rouge ou le poisson. On ne se permet pas d’acheter de la viande de mouton et du poisson plus souvent, c’est devenu trop cher pour nous. Les fruits on les achète à l’unité : une pomme pour chaque membre de la famille. On ne mange pas des fruits tous les jours. “
“Ya hassra, يا حسرة ” dit Najoua avec un long soupir “avant on mangeait des fruits chaque jour, sans compter”.
Najoua : “ La vie est trop chère, El aycha djej-العيشة دجاج “
Saber : “Avant on s’achetait des parfums de marque et des produits de beauté de qualité. Maintenant, la qualité de notre vie a baissé et ceci se fait ressentir tant au niveau de la qualité que de la quantité des produits qu’on consomme. Tout a baissé sauf les prix.”
“On ne peut plus vivre avec le rythme d’avant”, rajoute t-il.
“Je ne fume pas, mes fils non plus. Nous n’avons pas des dépenses superflues. Toute la famille adore s’offrir des gadgets” dit Saber.
Budget pour les médicaments : 50 DT par mois, Saber a une couverture de CNRPS, il se soigne à l’hôpital et paye 10% de frais de consultation et radios.
Budget vêtements : 50 DT/ mois
Najoua : “On n’achète du neuf que pour nos enfants à l’occasion de l’Aîd. C’est juste une pièce de vêtements ou des chaussures neuves pour chacun. Pas de tenues complètes, ils sont grands pour ça maintenant. “
Elle rajoute : ” On s’habille de la fripe, on ne peut pas nous permettre de s’habiller en boutiques. Je sais choisir les bonnes marques, je suis devenue spécialiste de la fripe.”
Cagnotte mouton : 50 DT /mois
Saber : “La féte de l’Aid Kbir et le sacrifice du mouton sont sacrés pour moi. Je dois acheter le mouton à mes enfants, je le fais chaque année depuis leur naissance, comme mon père le faisait avant pour moi. Je dois faire plaisir à mes enfants, rien n’arrêtera cette tradition, même la cherté de la vie.”
Cagnotte vacances et loisirs : 100 DT/mois
Saber : “Parfois on sort en famille dans un resto.”
La famille passe ses vacances d’été à Sousse, chez la famille de Saber. “Nos vacances, c’est deux en un”, ironise Saber, “on visite ma famille et on profite de la plage.”
Saber gère rigoureusement son salaire, au début de chaque mois il prévoit une enveloppe avec une somme pour chaque poste de dépenses.
Budget :
Revenu familial : 1.500 dinars salaire de père
Alimentation : 650 DT/mois
Crédit voiture : 180 DT/mois
Dépenses voiture : 100 DT/mois
Internet : wifi/4G , 30 DT /mois,
Steg, Sonede : cagnotte de 30 DT/mois
Médicaments : 50 DT/mois
Vêtements : 50 DT/mois
Frais de transport, argent de poche du cadet : 150 DT /mois
“On a parfois des fins de mois difficiles, malgré la gestion rigoureuse du budget, Saber 52 ans
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