Economie

Mafia islamica (2/2)

Mafia islamica (2/2)

Autre caractère saillant des organisations mafieuses est le recours à des mythes fondateurs relativement compliqués. Assimilable à la mythologie fondatrice des mafias classiques, l’idéologie sert aux mouvances islamistes d’agent de mobilisation de ses adeptes et aide surtout à cimenter les rangs des combattants de Dieu pour faire régner sa parole sur terre à savoir la Charia sous l’égide du Califat.

Genèse et mythes fondateurs des mafias

Dans le cas des mafias classiques, la construction de cette mythologie et de ces rituels semble découler plutôt de l’assemblage inventif de mythes et pratiques locales.

Les mafieux accordent une grande importance à cette mythologie qui leur permet de masquer la vraie finalité de leurs actions. Ainsi, pour les mafieux, la guerre sanglante qui oppose deux clans mafieux classiques, n’est pas lié à un différend bassement criminel, le contrôle d’un marché de stupéfiants, mais constitue une lutte pour « l’honneur ».

Il est possible que le recours des organisations islamistes à une mythologie fondatrice résulte des mêmes contraintes. En effet, d’anciens malfrats et repris de justice qui forment la colonne vertébrale des mafias islamistes, notamment la basse mafia, ne sont pas forcément islamisés. Ils sont en majorité des repris de justice de droit commun ayant plutôt eu un rapport ambigu à l’islam. Il est difficile de savoir si cette adhésion était sincère ou opportuniste.

Comment se met en place un phénomène mafieux ?

La mafia apparaît avec le libéralisme et souvent, les transitions dites démocratiques, lorsque certains groupes sociaux appartenant aux anciennes classes gouvernantes décident de conserver leur pouvoir, ou d’autres classes sociales émergentes qui veulent y accéder, par tous les moyens à leur disposition tout en tirant profit d’opportunités nouvelles.

Elle résulte donc d’une volonté d’accès au pouvoir, mais également d’une dynamique entrepreneuriale.

Un phénomène de type mafieux peut se mettre en place dans des situations de transitions politiques, économiques et sociales particulières. Nous pouvons constater que c’est également le cas de nombreux pays ayant vécu le « printemps arabe » avec une variante significative : la collusion entre anciennes mafias et mouvances islamistes émergentes et le chaos qu’elle a provoqué.

Les anciennes structures claniques criminelles voient leur pouvoir directement menacé par ces transformations et acceptent parfois le partage des entreprises mafieuses avec les nouvelles structures mafieuses. D’où la collusion dans certains pays infestés par l’islam politique, entre les anciennes mafias classiques et les nouvelles mafias idéologiques pour ne faire enfin qu’une seule structure tentaculaire échangeant expériences criminelles et se partageant territoires et domaines d’activités illicites.

Modus operandi des organisations mafieuses classiques et islamistes

L’exercice de la violence permet toujours à la mafia classique d’acquérir une position hégémonique à l’égard de ses adversaires dont certaines institutions de l’Etat.

Porteurs d’une croyance exagérée dans la force de l’intimidation et donc de la violence, les mafias classiques ainsi que les mafias islamistes se laissent facilement entraîner dans une escalade criminelle qu’elles ne sont plus en mesure de contrôler. Assassinats, mutilations, châtiments physiques sont des pratiques communes entre ces deux types d’organisations criminelles.

Cette intimidation par la terreur a souvent un effet contreproductif. Cette fuite en avant peut qu’entraîner une réaction des puissances locales et des institutions de l’Etat et finira par entraîner la chute des fiefs territoriaux de la mafia classique et de la mafia islamiste aspirant à l’instauration du « Califat ».

Le recours à la violence rend la mafia plus fragile

L’histoire nous enseigne que c’est lorsque la mafia est discrète qu’elle assure le mieux son emprise sur son territoire. Les meurtres, qu’ils soient des règlements de compte dans le cas des mafias classiques ou des assassinats politiques dans le cas des mafias islamistes, ne font que révéler ses difficultés organisationnelles et une volonté d’affirmer une autorité menacée.

Les têtes de l’hydre repoussent toujours

De par sa souplesse, le système mafieux possède une extraordinaire capacité de résilience. C’est également le cas des organisations islamistes. Ainsi l’organisation État islamique Daech succéda à Al-Qaida en Iraq et le Front Tahrir al-Cham prit la place du Font Al-Nosra en Syrie.

Néanmoins le rapport à leurs futures recrues est totalement opposé. La mafia classique choisit ses hommes de mains avec un grand soin. Elle leur offre une certaine sécurité financière en échange d’une insécurité physique pour le restant de leurs jours. À l’inverse des mafias classiques, les organisations mafieuses islamistes à l’instar de l’État islamique brassent très large et offre un « statut » de djihadiste en échange d’une fin quasi certaine.

Les points communs entre les structures mafieuses classiques et islamistes sont nombreux et intrigants. Il semblerait que des situations et contraintes similaires semblent amener à un même type de réponses. L’installation durable des organisations mafieuses fragilise la société et risque de la pervertir. Seule une lutte institutionnelle acharnée peut stopper cette gangrène, une lutte de longue haleine et couteuse.

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