Le roi du Maroc, Mohammed VI, prône souvent dans ses discours la réconciliation avec le frère ennemi, l’Algérie. Mais cette année son allocution traditionnelle marquant l’anniversaire de son intronisation – en 1999 – est encore plus vibrante, plus forte et plus volontariste en direction d’Alger. À presque 60 ans – il les aura ce 21 août -, après 23 années de règne dont les dernières sont marquées par des ennuis de santé, Mohammed VI a certainement envie de laisser un autre héritage que ces frontières algéro-marocaines fermées depuis 1994…
Le roi a clairement exprimé samedi 29 juillet le voeu de reprendre langue avec Alger, ce qu’il n’a pas fait depuis août 2021, date à laquelle le président Abdelmadjid Tebboune a coupé net tous les fils qui le reliaient à Rabat. Depuis les deux pays se livrent à une guerre diplomatique sans merci, qui est montée en intensité quand le Maroc a convaincu Israël de reconnaitre officiellement la marocanité du Sahara occidental, dossier sur lequel l’Algérie ne cédera jamais.
«Nous prions le Très-Haut pour un retour à la normale et une réouverture des frontières entre nos deux pays voisins et nos deux peuples frères», a déclaré le souverain marocain hier samedi 29 juillet dans un discours à la nation radio-télévisée. «Nous rassurons nos frères en Algérie, leur direction et leur peuple qu’ils n’auront jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc», a-t-il ajouté…
«Nous leur confirmons aussi tout le prix que nous attachons aux liens d’affection et d’amitié, aux échanges et aux interactions entre nos deux peuples», a martelé le roi du Maroc.
Reste à savoir ce qui sera fait par Rabat pour qu’Alger voit autre chose en lui qu’un champion des «manœuvres étrangères» pour porter des coups aux Algériens. Rappelons que ces derniers avaient espéré ardemment que Mohammed VI ferait personnellement le déplacement pour assister au Sommet de la Ligue arabe organisé à Alger en novembre 2022. Le roi avait finalement fait faux bond, fâchant son hôte Tebboune. Et que dire des bruits qui avaient couru selon lesquels Alger n’avait rien fait pour accueillir Sa Majesté avec les honneurs dus à son rang…
Mohammed VI avait dans la foulée invité Tebboune à se rendre à Rabat, une manière subliminale de lui signifier que si les Algériens ne savent pas recevoir les Marocains eux en savent un rayon. Evidemment le président algérien n’a jamais répondu à cette invitation, au contraire elle l’a irrité encore plus. Rappelons qu’il avait dit publiquement qu’en mars dernier que le conflit avec le voisin avait atteint un point de non-retour.
Il faut souhaiter que cette fois Tebboune fera le sacrifice de mettre de côté ses états d’âme pour saisir la perche que lui tend le roi. Ce serait salutaire pour les deux pays, pour l’Union du Maghreb arabe, pour cette Afrique qui ambitionne de mettre en place les outils de son décollage à travers la Zone de libre-échange continentale (ZLECA)…
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