Il fallait s’y attendre, vu la montée en puissance des liens entre Tel-Aviv et Rabat. L’affaire était en gestation depuis décembre 2020, dans la charrette des Accords d’Abraham, sortis de la tête de l’ex-président américain Donald Trump pour imposer la normalisation des relations entre Israël et les Etats arabes. Un influent think tank et lobby américain avait demandé à Israël en janvier 2023 de reconnaître la souveraineté pleine et entière du Maroc sur le Sahara occidental. Cela a été officialisé hier lundi 17 juillet, à travers une lettre que le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a envoyée au roi Mohammed VI…
Israël ne s’arrêtera pas là, il gravera son geste sur le marbre en ouvrant prochainement un consulat dans la ville de Dakhla, nichée sur le sol sahraoui. C’est une décision hautement explosive qui sera considérée comme un affront par les indépendantistes et leur soutien, l’Algérie. La presse locale a copieusement commenté cette annonce qui ne surprend personne mais fait quand même son effet.
Observ’Algérie la qualifie de “décision qui sonne comme une nouvelle provocation pour l’Algérie”. Le média électronique rappelle que l’ONU s’active, par le biais de son de dispositif pour la paix – la Minurso -, pour trouver un accord autour d’un référendum “libre et équitable” sur l’épineux sujet de l’autodétermination du Sahara.
Le journal en ligne TSA (Tout sur l’Algérie) est très remonté suite à la décision d’Israël et la compare aux actes posés en Palestine. “La décision d’Israël de reconnaître l’occupation marocaine du Sahara occidental n’est pas étonnante de la part d’un pays qui occupe les territoires palestiniens et une partie du territoire syrien. En somme, un colonisateur qui apporte son soutien à un autre”, écrit le média.
Le quotidien Le Soir d’Algérie zappe complètement la lettre de Netanyahou envoyée au roi du Maroc et se fait l’écho des indépendantistes sahraouis en reprenant un entretien de l’Agence de presse algérienne (APS) avec un dirigeant du Front Polisario, mouvement politique qui a pris les armes pour arracher l’indépendance du Sahara. Le diplomate Oubi Bouchraya Bachir s’insurge contre les “violations odieuses et systématiques des droits de l’homme” dans les villes administrées par le Maroc, “devant le silence assourdissant de la communauté internationale”.
Alger jusqu’ici n’a pas officiellement réagi à la décision d’Israël sur l’ancienne colonie espagnole, mais ça doit s’agiter dans la tête du président Abdelmadjid Tebboune. Cela fait des décennies – presque 50 ans – que Rabat bouge aux quatre coins du monde pour rallier ses partenaires à sa cause. C’est d’ailleurs une des raisons de la guerre diplomatique et politique entre le Maroc et l’Algérie..
Les USA ont été les premiers à valider la “marocanité” du Sahara occidental, en décembre 2020, sous le mandat de Trump. En mars 2022 le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a sauté le pas en bénissant le “plan marocain d’autonomie” sur le Sahara occidental. Alger ne l’a jamais pardonné à Madrid et depuis mars 2022 les relations entre les deux pays sont tumultueuses. Ce sera plus simple avec Israël vu qu’il n’a quasiment aucun lien avec l’Algérie…
Le Maroc a la main sur près de 80% du territoire sahraoui, pourtant ce sont les 20% qu’il ne contrôle pas qui l’empêchent de dormir. Et cette situation n’est pas près de changer quels que soient la puissance et le pouvoir des soutiens de Rabat. Alger aussi a des appuis et la voix de sa diplomatie porte de plus en plus en Afrique, en Asie, à l’ONU et ailleurs dans le monde.
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