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Maroc-Phosphate : Panique à bord, la découverte d’un énorme gisement en Europe change la donne

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Le Maroc est devenu un ténor mondial du phosphate, surtout depuis que l’OCP (Office chérifien des phosphates) a racheté en septembre 2022 le ténor espagnol de l’engrais GlobalFeed S.L. Les choses vont tellement bien que le royaume est devenu le deuxième producteur mondial de phosphates, derrière la Chine et le premier fournisseur de la zone euro. Et ça rapporte, beaucoup : le phosphate pèse plus de 20% dans les exportations marocaines et près de 10% dans le PIB. Mais patatras : la découverte d’un énorme gisement en Norvège pourrait rebattre toutes les cartes…

C’est la société Norge Mining qui a découvert ce filon qui provoque une grosse inquiétude au Maroc, même si les autorités locales auront la délicatesse de ne pas étaler leurs états d’âme. D’après les médias européens ce gisement pourrait renfermer jusqu’à 70 milliards de tonnes de phosphate. On sait que ce produit est une composante essentielle dans la fabrication des batteries au phosphate de fer-lithium pour les véhicules électriques, des panneaux solaires et des puces électroniques…

Ces niches feront l’économie de demain et les investisseurs européens, chinois et américains se ruent vers les matières premières rares ; l’affaire provoque même une guerre économique sans merci entre les USA et la Chine. Le Maroc a donc de bonnes raisons de paniquer avec l’irruption prochaine de ce nouveau concurrent européen, qui aura de fait un avantage sur les marchés de l’Union européenne.

La bataille pour arracher ou maintenir des positions juteuses dans la zone euro sera très rude, surtout quand la donne politique et diplomatique s’en mêlent. En effet le Maroc a d’excellentes relations avec l’Espagne mais on ne peut pas en dire autant avec le reste de la communauté européenne depuis que Rabat a été condamné par le Parlement européen pour les écarts sur les droits de l’Homme. Et que dire des relations avec l’alliée historique, la France, durablement impactées par l’affaire Pegasus.

Bon, la Norvège aura besoin de temps pour l’exploitation de son gisement de phosphate. Du temps que le Maroc devra mettre à profit pour se trouver de nouveaux débouchés, réorienter sa politique commerciale et surtout trouver le moyen de se réconcilier avec les Européens, en commençant par la France. Mais Rabat devra faire vite car le concurrent norvégien lui aussi va carburer pour avoir sa part dans l’énorme gâteau qui est déjà sur la table.

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