Economie

Note : Le citoyen entre l’enclume de la soif et le marteau de la pollution de l’eau

Note : Le citoyen entre l’enclume de la soif et le marteau de la pollution de l’eau

Le président de la République, Kaïs Saied s’est entretenu hier lundi 18 juillet 2022 avec Mahmoud Elyes Hamza le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche sur différents sujets en mettant en avant d’une manière particulière le problème des coupures récurrentes de l’eau potable dans plusieurs régions.

Le président de la République a mis l’accent sur l’importance de choisir le bon timing pour effectuer des travaux d’entretien et de réparation des réseaux pour limiter les périodes des coupures de l’eau.

Kaïs Saied a, également, évoqué la qualité de l’eau potable qui varie d’une région à l’autre tout en prenant connaissance du programme de remise en service du système des associations hydrauliques pour assurer la disponibilité de l’eau potable dans toutes les régions de la république.

Par ailleurs, le problème des coupures de l’eau et de la dégradation de sa qualité est un problème beaucoup plus complexe.

Selon une note récente du Forum Tunisien des Droits économiques et sociaux (FTDES), la crise de l’eau ne cesse de s’aggraver en Tunisie, pour plusieurs raisons dont la plus importante est l’échec des politiques et des choix entrepris par l’Etat pour gérer ce secteur, qui s’est traduit par plusieurs mouvements de contestation enregistrés principalement à Kairouan et à Kasserine selon les chiffres communiqués en 2021 par l’Observatoire Social Tunisien, 199 et 168 mouvements dus à l’absence totale d’eau, à son interruption fréquente, ou à la dégradation de sa qualité.

La détérioration de la qualité de l’eau et son indisponibilité dans plusieurs régions ont contribué à l’essor du marché de l’eau en bouteille, portant le nombre d’unités de 06 en 1989 à 29 unités en 2020 déclare-t-on. Le niveau de la consommation tunisienne d’eau en bouteille a également connu une augmentation atteignant 225 litres de consommation par habitant en 2020 alors qu’elle était estimée à 40 litres par an. Les ventes d’eau en bouteille sont également passées de 879 millions de litres en 2010 à 2 700 millions de litres en 2020, faisant de la Tunisie le quatrième pays au monde en termes de consommation d’eau en bouteille.

Sous ce même angle, la plupart des unités de conditionnement sont localisées dans les régions intérieures marginalisées qui souffrent de la soif, comme c’est le cas pour les gouvernorats de Zaghouan, Kairouan et Sidi Bouzid dont le taux d’absence ou de coupures d’eau est le plus élevé. A titre d’exemple, bien que la ville de Haffouz dispose de deux sociétés des eaux minérales, elle a connu le plus grand nombre de protestations liées à l’eau au niveau du gouvernorat de Kairouan avec 21 protestations en 2021, de plus, une partie de cette eau est destinée à l’exportation.

Malgré le fait que les ressources naturelles appartiennent au peuple tunisien, les investisseurs privés se sont accaparés des nappes phréatiques de haute qualité, profitant de la faiblesse ou l’absence totale de contrôle par les autorités compétentes, conclut la note tout en soulignant que l’absence d’eau dans certaines régions, ainsi que le prix de vente élevé de l’eau minérale, a engendré la propagation de la vente des eaux d’origine inconnue.

Rappelons que le rapport national du secteur de l’eau publié le 30 juin écoulé sur le site web de l’Observatoire National de l’Agriculture (ONAGRI) relevant du ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche (MARHP) assure que la Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux (SONEDE) assure l’alimentation en eau potable du milieu urbain et une partie du milieu rural. Le taux de desserte global est de 98,3% en 2020 (98,2% en 2019) résultant d’un taux de 100% en milieu urbain et de 94,7% en milieu rural (53,4% SONEDE, 41,3% DG/GREE).

La tendance à la baisse du rendement global des réseaux est continue depuis une quinzaine d’années, indique le rapport tout en ajoutant que ceci est dû au vieillissement des réseaux d’adduction et de distribution avec environ 55 casses par jour et parfois des cas de vandalisme. Le rendement global des réseaux d’adduction et de distribution a été de 67,7% en 2020 contre 68,8% en 2019. Le rendement des réseaux de distribution est très fluctuant avec un minimum de 55,7% au district de Tataouine et un maximum de 88,3% au district de Beja.

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