Economie

Par Amine Ben Gamra : Gros nuages sur le secteur bancaire tunisien

Par Amine Ben Gamra : Gros nuages sur le secteur bancaire tunisien

L’affaire des banques publiques lève le voile sur le problème des énormes créances bancaires du secteur qui sont irrécouvrables et plombent les comptes de nombreuses banques, empêchant certaines de prêter à de jeunes entrepreneurs qui, le plus souvent, se lancent sans la moindre aide de l’État et d’un système bancaire qui, pour l’essentiel, prête aux riches et pour la consommation mais n’a que faire d’un business plan d’un jeune ambitieux souhaitant démarrer un projet.

Déjà en 2011 les créances douteuses représentaient à l’époque 20-24 % du PIB ce qui faisait du système bancaire “parmi les plus criblés de prêts non-performants au monde”. La situation a empiré depuis.

Cela sans oublier les problèmes récurrents de liquidités toujours tendues, de coûts de financement en hausse, du poids important des crédits non performants, du niveau d’inflation élevée et des craintes d’une nouvelle dépréciation du dinar.

La réelle menace est que l’hémorragie de liquidité continuera conjointement à un accroissement des taux d’intérêt ce qui ruinera surtout des milliers de petites et moyennes entreprises et les neuf cent mille ménages fortement endettés auprès des banques au risque d’affaiblir une fois de plus leur pouvoir d’achat et de provoquer en conséquence une crise systémique qui n’épargnera aucun secteur de l’économie nationale.

Pire, le taux d’exposition des banques, surtout publique, au risqué de l’Etat qui leur vend les BTA est très élevé. Ce qui constitue une véritable bombe à retardement financière.

En outre, le passage des banques tunisiennes à la norme « International Financial Reporting Standard 9 » (IFRS9), à partir de la fin de l’exercice 2023 devrait, impacter la qualité des actifs déclarés ce qui nécessite un provisionnement supplémentaire.

Cependant, si les banques ne trouvent pas suffisamment de ressource pour reconstituer leurs fonds propres. Elles s’arrêteront de prêter de l’argent aux entreprises et aux ménages, bloquant ainsi le crédit indispensable à l’économie. Cette crise se propagera à l’ensemble des marchés et entraînera un risque systémique majeur.

Aujourd’hui, il est grand temps de préparer une feuille de route contenant des mesures et actions concrètes et rapides permettant de résoudre les difficultés du secteur et surtout de renforcer la supervision bancaire.

 

Amine BEN GAMRA

Expert Comptable

Commissaire Aux Comptes

Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

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