Economie

Par Amine Ben Gamra : Le mutisme de la BCT ajoute de l’incertitude et empirerait la situation

Par Amine Ben Gamra : Le mutisme de la BCT ajoute de l’incertitude et empirerait la situation

La dernière réunion du Conseil d’administration de la BCT a donné des signes positifs de la résilience de l’économie tunisienne : poursuite de la contraction du déficit courant, baisse du solde commercial, consolidation des recettes touristiques et hausse du stock des réserves de change. 

Mais, dans les quatre coins du pays, les étagères des supermarchés qui se vident rapidement, les hausses de prix incessantes et les files d’attente pour obtenir des produits de première nécessité sont devenus le quotidien des Tunisiens.

Les différentes pénuries dont souffre le pays montrent que la Tunisie essaye de limiter ses importations afin d’alléger la pression sur les réserves de devises.

L’effet boule de neige subit une accélération et l’avalanche n’est pas loin, elle aura la forme d’échéances de la dette de plus en plus lourdes.

Le constat est là, et on ne peut pas le nier ! 

La BCT doit sortir de son mutisme. Son mutisme ajoute de l’incertitude et empirerait la situation.

Résultat : La croissance économique a été médiocre (selon les dernières estimations publiées par l’INS, l’économie tunisienne a enregistré une croissance de 0,6% au cours du deuxième trimestre de l’année en cours). La dette extérieure est passée de moins de 40 % du PIB en 2010 à plus de 80 % l’an dernier. Le dinar tunisien a perdu sa valeur et l’inflation s’élève à 9% par an. La valeur des actifs tunisiens (entreprises, actions, patrimoine.), est bradé sur les marchés internationaux, à des fonds vautours et des multinationales assoiffées de gains faciles.

Pire, la Tunisie dépend fortement des importations pour de nombreux produits de base. Au fil des années, les fluctuations des prix mondiaux des matières premières ont un impact direct sur les coûts de ces importations, ce qui peut entraîner des hausses supplémentaires de prix sur le marché intérieur.

Jusqu’à quand va-t-on continuer de parler de réformes structurelles pour relancer une économie tunisienne en panne.

Pour résoudre cette crise et améliorer la vie des Tunisiens, des réformes économiques sont nécessaires pour stimuler la croissance économique. Cela pourrait inclure des mesures visant à stimuler la production locale et à réduire la dépendance aux importations. Il s’agit de pouvoir se prononcer sur les politiques agricole et alimentaire qui nous concernent. Il est grand temps de favoriser un système alimentaire local durable et une agriculture digitale. Aujourd’hui,une grande partie des terres de l’État sont en friche, dans les régions du nord et du centre mais la plupart de ces  terres agricoles sont entre les mains de coopératives : l’État devrait se désengager et céder la place aux jeunes entrepreneurs surtout au niveau des grandes exploitations pour encourager la production à grande échelle. Cela pourrait impliquer la promotion de l’agriculture locale pour augmenter la production nationale.

La réforme peut, aussi, inclure la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles importés e et renforcer la sécurité énergétique.

Depuis des années, la Tunisie a cessé d’être attractive pour les grandes sociétés pétrolières, qui ont une à une quitté le pays (ce n’est plus un secret que même ENI). Parmi les raisons de ce phénomène, on note surtout l’absence de vision et de stratégie, la rigidité du cadre fiscal et législatif et l’interférence des rôles et responsabilités entre l’Etap et le ministère d’un côté et le ministère et le Comité consultatif des hydrocarbures (CCH) de l’autre. Les choses ont empiré avec l’instabilité sociale et sécuritaire des dernières années.

Le rôle des instances nationales devrait être celui de promouvoir l’investissement, mais la réalité est que l’exploration pétrolière en Tunisie est bien boudée par les investisseurs, et au lieu de chercher les raisons et d’y remédier, on s’obstine à adopter les lectures les plus rigides de la législation et à ignorer les besoins et contraintes des investisseurs.

Le cadre législatif doit également être repris pour garantir une meilleure attractivité du secteur, tout en respectant les intérêts nationaux, et en introduisant de nouvelles notions telles que la responsabilité sociétale des entreprises ou le développement durable. La polémique autour des richesses pétrolières a littéralement asphyxié le secteur, et il est temps d’œuvrer ensemble pour sauver ce qui en reste, avant qu’il ne soit trop tard.

 

Aussi, le développement des énergies renouvelables réduira la dépendance aux combustibles fossiles importés et renforcera la sécurité énergétique. Ainsi, il faut chercher à accroître les investissements dans ce secteur dans le cadre d’une stratégie de diversification du bouquet énergétique, jusque-là dominé par la STEG qui est à l’origine de 90% de la capacité de production.

Enfin, la situation budgétaire appelle des actions audacieuses et courageuses. L’Etat doit procéder à un rééchelonnement de la dette publique et augmenter l’investissement publique en attendant que la croissance économique revienne assez rapidement.

Certes, ces mesures nécessitent une planification à long terme, une coordination gouvernementale et des ressources financières adéquates qui doivent être intégrées dans une vision stratégique de développement économique.

Amine BEN GAMRA

Expert Comptable

Commissaire Aux Comptes

Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

 

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