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Par Amine Ben Gamra : Préparer l’économie tunisienne à une vague de créances impayées sans précédent

Par Amine Ben Gamra : Préparer l’économie tunisienne à une vague de créances impayées sans précédent

Alors que l’activité de la majorité des entreprises est fortement ralentie, voire à l’arrêt, à cause de la pandémie COVID-19, la crise sanitaire actuelle va faire naître une flambée d’impayés sans précédent dans l’histoire de l’économie tunisienne.

La grande majorité des entreprises sont en situation délicate en ce moment et leurs clients invoquent la crise sanitaire pour ne pas payer leurs factures. Cette pratique risquerait de créer une vague de défaillances au niveau de l’économie tunisienne. Les entreprises seront désormais affrontées à un grand problème, tout aussi dangereux que la baisse du chiffre d’affaires, le poids important des créances impayées qui met à mal leur trésorerie et risque de ­conduire nombre d’entre elles à mettre la clé sous la porte.

Même pour les entreprises publiques, le risque de défaut de payement pèsera l’équivalent de 16% du PIB, soit 18 milliards de dinars, ce qui aggravera considérablement le déficit budgétaire et augmentera significativement le besoin de financements extérieurs.

Cette déliquescence se propagera au système financier et bancaires. Déjà, avant la crise de la COVID-19, les créances douteuses représentaient 20-24 % du PIB ce qui faisait du système bancaire tunisien l’un des  plus criblés de prêts non-performants au monde. La situation va empirer aujourd’hui.

L’impact de la crise de la COVID-19 n’a pas encore été mentionné dans les reporting publiés par les banques tunisiennes. Néanmoins, l’arrêté semestriel au 30 juin 2021 et surtout annuel au 31 décembre 2021 subiront le double effet de la baisse des produits bancaires et l’impact des provisions à constater afin de refléter les futures dégradations attendues selon les nouvelles règles exigées par les IFRS. La hausse des niveaux de provision à constater et la baisse du produit net bancaire vont engendrer des pertes pour les banques. Ces pertes diminueront leurs fonds propres, donc leur solvabilité, ce qui altère leurs capacités à lever des capitaux.

Amine BEN GAMRA – Expert Comptable – Commissaire Aux Comptes – Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie.

 

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