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Par Jawhar Chatty : Kais Saïd à la Kasbah

Par Jawhar Chatty : Kais Saïd à la Kasbah

Presque 90% des Tunisiens en âge de voter ont boudé les urnes ce dimanche pour le second tour des législatives. Presque autant que lors du premier tour. De la récidive en somme et beaucoup d’entêtement. Ils persistent et signent dans une magistrale et glaciale indifférence qui est avant tout un signe de grande lassitude, voire de dégoût. Le dégoût d’un système qui a enfanté et nourri beaucoup de petits monstres sous la coupole du palais du Bardo. Et quelques monstres en chef dits progressistes sous la houlette d’un grand gourou que sans doute un peu moins de 100% des Tunisiens excrètent aujourd’hui.

Avec toutes ses tares, ses défaillances et ses abus, avec ses clowns et marionnettes, l’ANC avait en son temps su rester digne. Elle s’était pour ainsi dire « auto gelée » évitant au pays de sombrer dans le chaos. Le progressiste en chef qui était   alors au perchoir, MBJ, faisait la moue. Ce n’est que sous la pression de rares « très proches » qu’il avait fini par céder. Là n’est cependant pas ici le sujet.

Sa successeur au Bardo, l’ARP n’a pas jugé digne de s’auto-geler. Elle était dans l’absolu déni confortée en cela par l’apparente hyper-puissance du grand gourou.  En désolant et affligeant spectacles, les Tunisiens qui pourtant moquaient l’ANC et ses filous étaient avec l’ARP bien servis, bien au-delà de ce qu’ils espéraient (en termes de terribles divertissements).  Jusqu’au 25 juillet 2022. Depuis, ils ont d’autres sources d’amusement : il n’y a pas plus jouissif pour un Tunisien que l’activation du système D, des réseaux et de quelques même lointaines connaissances… rien que pour deux paquets de lait. C’est tout dire de l’effet des successives et récurrentes pénuries en semoule, en huile, en sucre, en essence…

Les Tunisiens s’amusent aussi des élections, ils n’y croient plus à dire vrai. Ils passent désormais maîtres en termes de lecture des taux d’abstention et des taux tout court. Le chauffeur de taxi et l’épicier du coin pourraient bien à les entendre se relayer à la tête de la BCT et du « méchant » FMI. Étrangement, ils ne nourrissent guère d’ambition ni pour La Kasbah et encore moins pour Carthage.

Le président Kais Saïd est allé hier justement à la Kasbah. Il y a été reçu en tête à tête par la cheffe du gouvernement. On passera sur le décor de circonstance. Le président Kais Saïd lui a donné et fait sa propre lecture du taux d’abstention enregistré au 2eme tour des législatives. Une lecture que Mme Nejla Bouden, cheffe du gouvernement, semble tout naturellement faire sienne.

Pour agrémenter la rencontre, le président cite le président Habib Bourguiba. Il le cite au sujet d’une liste qu’il fallait pivoter de 90 degrés pour en faire la juste lecture. Oui, c’était alors du temps d’un grand leader-visionnaire, au service d’un grand projet pour un grand pays.

Là, c’est autre chose. On est plutôt à moins π .

Jawhar Chatty

 

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