Je n’y est sur le coup pas prêté attention. Les graffitis, ces gribouillis inscrits à la hâte au petit matin sur les murs de la ville, je connaissais bien sûr du temps que j’étais étudiant à Paris et à Strasbourg mais je n’avais jamais pensé qu’ils allaient investir nos murs.
Ils avaient fait leur première apparition au mois de septembre 2010, un peu partout, discrètement. Avenue de Rome, Avenue de Paris, Avenue de la liberté…à Tunis. Personne n’y avait alors prêté attention. De passage à Tunis en mission de conseil pour une grande banque, un ami français attira à l’époque mon attention à ce sujet . Je n’y avais pas beaucoup accordé de l’importance . Je reconnais que j’avais tort.
Aujourd’hui , et depuis quelque temps, des graffitis font leur apparition sur les murs de la ville. De nos villes.
Aujourd’hui , depuis hier, il en est un tout particulièrement signifiant. Mon ami français dirait « inquiétant ».
Oui, inquiétant. Parce que contrairement à tous ceux que l’on pouvait voir depuis 2010, celui d’hier semble bien de fabrication locale. C’est , en quelque sorte, un « Dégage », cette fois ci, du terroir.
Inquiétant, parce qu’un graffiti sur un mur d’une vraie démocratie et d’un peuple cultivé n’a absolument pas le même sens et le même impact sur que le même graffiti sur nos murs…
Inquiétant, parce-que l’élite se croit être l’élite . Et que de ce fait s’octroie le privilège coupable de rester silencieuse . Silencieuse : les adeptes du « Ah quoi bon » ?
Il y a aussi une certaine élite qui semble vouloir chercher à renouveler le contrat. Le contrat de l’engagement sociale et politique. Cette résilience est tout à son mérite .
C’est un peu cette détermination, loin de tout esprit de revanche, qu’il nous faudra sans doute pour pouvoir enfin redresser le pays.
Jawhar Chatty
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