Politique

Par Rached Chair : Vers la 3ème république?!

Par Rached Chair : Vers la 3ème république?!

Le président tunisien Kais Saied a déclaré que les mesures exceptionnelles annoncées le 25 juillet se poursuivront jusqu’à la mise en place de lois transitoires et à la modification de la loi électorale.  Le président n’a pas précisé de date pour la fin de ces mesures, mais il a promis de nommer un Chef de gouvernement.

Les Tunisiens attendent depuis des semaines la décision du Président concernant le parlement gelé et la constitution actuelle, en plus de l’introduction de larges réformes politiques.

La voie constitutionnelle que le président a utilisée pour imposer des mesures exceptionnelles sous prétexte d’un danger imminent contre l’État, n’est pas claire.

Cependant, les lois transitoires auxquelles le président Saïd a fait référence dans son discours ouvrent la porte à la possibilité d’abroger la constitution actuelle, notamment après la dernière déclaration sur la page officielle de la présidence de la république.

Étant donné la situation catastrophique du pays, faut-il restaurer ou modifier la constitution ? changer le système électoral? celui de formation des parties? ou changer tout le système politique?

… sont autant de questions auxquelles la majorité des Tunisiens se posent et attendent la réponse.

Ce que le président Saïd a fait, c’est qu’il a osé ouvrir un dossier politique très important que Béji Caïd Essebsi n’a pas pu toucher pour des raisons personnelles et politiques. Au mépris de ce qu’il  avait entre les mains, un important bloc parlementaire, un appui populaire important  et un soutien extérieur considérable, Béji Caïd Essebsi a raté l’histoire, sous prétexte d’éviter la confrontation avec l’islam politique. Ce choix politique a permis à  Ennahda de mettre la main définitivement sur la Tunisie.

Aujourd’hui, la décision de gel du parlement, considéré comme le pire, le plus violent et le plus dégradant de l’histoire du pays est accueilli par les Tunisiens avec assentiment, malgré l’opposition de certaines personnalités et partis politique. Est ce la meilleure décision face  aux défis sociaux, économiques, politiques et devant la pression énorme des donateurs ?

Politiquement parlant, kais Saïd n’avait pas de bloc parlementaire. Le bloc démocrate avec le groupe de partis qui le soutenaient n’a pas pu changer l’équilibre dans le parement, surtout avec l’Alliance  de Ennahdha, Elkarama et Qalb tounes.

Said n’avait pas une grande marge de manœuvre ni d’autres solutions que le gel du parlement conformément à l’article 80 de la constitution.

Cependant, si la décision est prise de changer la constitution, les questions les plus brûlantes seront de savoir qui va l’écrire ? sera-t-elle écrite par les vainqueurs comme elle a été écrite en 2014 par Enahdha, la seule bénéficiaire du printemps atlantique ? comment cette nouvelle constitution pourrait améliorer un système politique à trois têtes hétérogènes qui ont perturbé les intérêts suprêmes du pays ?

Le constat est là, la constitution de 2014 a été minée et a été un obstacle constant aux solutions des vrais problèmes du pays, aussi elle a autorisée l’ion abusive des ressources de l’État et des milliers de milliards de l’argent des contribuables dépensé pour les instances constitutionnelles et nationales gaspillées dans des débats stériles.

Avant de changer la constitution, nous devons changer le code électoral, dissoudre la commission électorale partiale, changer la loi sur les partis et sur le financement des associations et des partis, interdire les activités sociales et de plaidoyer pour les partis, et les obliger à tenir des conférences périodiques en moins de trois ans.

On ne peut pas changer une constitution sans changer le cadre général de la pensée politique et la morale et sans renforcer la culture de la liberté et de la différence. La constitution ne peut être changée sans précaution contre le retour à l’autoritarisme dans l’inconscience collective et l’euphorie populaire qui poussent vers elle.

La constitution ne peut être modifiée sans renforcer la liberté d’expression, de mouvement, d’organisation, de l’opposition et de presse.

Il n’est pas possible de changer la constitution et de passer à la 3ème république sans mettre en place une nouvelle cour constitutionnelle et institutions étatiques et sans renforcer l’indépendance complète du pouvoir judiciaire vis-à-vis du pouvoir politique, quel qu’il soit.

Par conséquent, dans les circonstances actuelles où le pays ne peut plus supporter l’ambiguïté politique face aux multiples défis, une modification de la constitution est une solution pour aller de l’avant, mais avec des conditions, des garanties et la participation de l’éventail des organisations nationales, y compris les avocats, les agriculteurs, les artistes, les syndicats, les syndicats de l’industrie et du travail, la société civil, les journalistes … afin que la constitution ne soit rédigée à une échelle spécifique et dans le cadre d’un conflit  purement politique.

Rached Chair 

Ingénieur émigré en France

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