Société

Par Ridha Zahrouni : Les mentalités des vraies grues géantes

Par Ridha Zahrouni : Les mentalités des vraies grues géantes

Quand je voyais une grue plus haute qu’un immeuble de plusieurs étages, je me demandais comment on a pu monter ce géant de métal. Mais lorsque j’ai assisté à la mise en place d’un grand chantier de la fenêtre de mon bureau, et j’ai suivi quotidiennement le montage d’une grue géante pièce par pièce, j’ai été étonné par la simplicité avec laquelle ce long bras a percé le ciel. Le plus fascinant c’est que cette grue participe elle-même à son propre montage. On m’affirme qu’il y a même des grues qui se font monter toutes seules. Tout est question de lois de physique et de génie humain. Bien sur que vous allez me dire que l’homme a marché sur la lune et qu’il a réalisé des exploits qui flirtent avec le miracle.

C’est évidement vrai, mais généralement les exemples les plus éloquents sont les plus concrets et dont on voit l’utilité et la réalisation de très prés. Et le plus important, n’est pas la grue en elle-même, c’est ce qu’on peut faire aboutir comme réalisations avec cette grue. Peu importe, mais l’exemple de cette grue géante a toujours stimulé en moi beaucoup d’espoir quant à l’avenir de mon pays. En effet si on réalise la portée du chantier qui nous attends tous, toutes les tunisiennes tous les tunisiens, et dans tous les domaines, et si on réfléchi à la meilleure façon de la mise en œuvre de ce chantier, et si nous nous associons tous pour assurer sa conduite et son aboutissement, nous devrions aplanir toutes les difficultés, surmonter tous les obstacles et mettre notre pays sur la voie de la progression, de l’essor et de l’excellence.

Tout est question de bon sens, de compétence, d’intelligence, de volonté et de témérité, donc de mentalité. Aujourd’hui c’est irresponsable, je dirais même préjudiciable et criminel, de continuer à croire que les solutions qui consistent à trouver les bons ingrédients politiques, réglementaires, et même, sécuritaires, économiques, politiques et organisationnels, suffiront à elles seules à résoudre tous les problèmes et tous les maux de la Tunisie, et Dieu sait combien ils sont nombreux. De telles solutions ne pourraient effectivement aboutir sur des remèdes miraculeux que si elles sont suivies par une révolution culturelle sur nos mentalités. Car pour espérer mettre notre Pays sur la voie de l’excellence et répondre aux attentes et désidératas de tous les tunisiens, il est nécessaire d’asseoir de vraies politiques réformatrices, sérieuses, sévères, durables et entretenues, touchant pratiquement tous les domaines.

 

Sans la conviction de la majorité de la population et sans son adhésion à ce projet, le pays risquerait de rater encore une fois de plus sa bonne marche ainsi que sa bonne étoile, et il ne faudrait pas certainement attendre 50 ans pour constater le chao et les conséquences et l’ampleur des dégâts. Le fait d’écarter Nahdha du pouvoir n’est pas une fin en soi, ni une motivation de jubilation, mais juste un préalable nécessaire. Et il nous faut aujourd’hui travailler sur nos mentalités qui sont en fait les grues géantes de ce mégaprojet qui consiste à hisser la Tunisie plus haut et la pousser le plus loin, dans sa mise en œuvre d’un Pays moderne et d’une société civilisée ou la réussite, l’excellence et la justice sociale font partie de ses principales devises.

Et pour que nos mentalités évoluent et se révolutionnent, chacun de nous doit procéder à son autocritique pour apprécier la réalité des distances qui le séparent réellement et objectivement des vraies portées des valeurs, des principes, de droits et des obligations, en termes de perception, d’engagements et de pratiques. Chacun de nous doit s’éloigner de sa suffisance et de ses motivations personnelles et de ses solutions partisanes pour mettre en avant, et toujours en avant, l’intérêt du citoyen, lui-même garant de l’intérêt national. Et chacun de nous, notamment, ceux qui ont aujourd’hui le destin du pays entre leurs mains, doit s’avouer à lui même et au peuple la vérité et la réalité des mentalités, au risque de se voir chahuté, critiqué ou sanctionné. C’est l’unique voie de la délivrance, celle qui consiste à drainer le soutien du maximum de tunisiens pour les faire adhérer à ce projet, celui de jalonner et garantir l’avenir de nos enfants et de nos petits enfants.

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