Economie

Secteur de la livraison en Tunisie : le rôle des jeunes, des applications et des clients

Secteur de la livraison en Tunisie : le rôle des jeunes, des applications et des clients

Le monde vit actuellement des changements numériques et sociaux profonds, dont les contours se sont particulièrement manifestés pendant la pandémie de COVID-19.

Ces changements ont façonné les systèmes législatifs, opérationnels et sociaux, avec des caractéristiques spécifiques en Tunisie, créant un terrain fertile pour le développement du secteur des services de livraison de repas, en particulier dans la capitale et les grandes villes, grâce à l’utilisation d’applications dédiées. Ce secteur emploie généralement la jeunesse.

Secteur formel mais non réglementé

Cette situation a été au centre d’une nouvelle étude publiée hier, le lundi 9 octobre 2023, financée par la friedrich ebert stiftung et réalisée par les sociologues Amine Hassini et Sofien Jaballah. Dès le début de l’étude, ils ont souligné que le secteur est formel mais non réglementé, car il n’échappe pas au cadre légal, mais il manque d’une réglementation interne ou d’une répartition équitable des revenus. De plus, il ne bénéficie pas d’une protection sociale adéquate ni d’un contrat respectant les droits minimaux des travailleurs dans de nombreuses situations, et il manque généralement des éléments d’un travail décent.

Dans la première partie, cette recherche a examiné les raisons qui ont incité les travailleurs du secteur de la livraison à choisir cette profession. Elle a conclu que l’absence de soutien financier de la part de la famille pour les étudiants ou les chômeurs, ainsi que d’autres avantages tels que la liberté de choisir les heures de travail et un revenu décent, étaient des motivations qui les ont poussés à opter pour cette profession.

Travail temporaire ou indépendant

Dans une autre section, la recherche a étudié les perceptions des travailleurs concernant leur profession. Deux modèles ont été identifiés : le premier modèle repose sur un simple « contrat temporaire » en attendant de trouver un autre emploi en raison de la fragilité des start-ups travaillant dans la livraison, ce qui les expose à une fermeture imminente. Le deuxième modèle repose sur le “contrat indépendant”, ce qui signifie la continuité du travail car la profession nécessite des compétences spécifiques, sans loyauté envers une plateforme spécifique.

Plus tard, la recherche a examiné le concept de “Collectif de Travail”, défini comme un groupe de travailleurs partageant la même situation de travail et interagissant entre eux. Ces groupes ne sont pas préexistants et se forment au fil du temps par le biais de la communication et de l’échange d’opinions devant les restaurants ou en réaction à des événements similaires, ce qui leur donne l’impression d’être une seule entité avec des intérêts et une identité commune. La plupart d’entre eux estiment que les plateformes réalisent d’énormes profits aux dépens des travailleurs, tandis qu’eux-mêmes sont contraints de payer de nombreuses taxes, ce qui a engendré un sentiment collectif de frustration.

L’étude recommande la nécessité de réduire la fragmentation de la réglementation du secteur et de promulguer des lois adaptées à son évolution, tout en renforçant le rôle des organes de contrôle pour surveiller les entreprises de livraison de repas et évaluer leur conformité à la loi. De plus, elle recommande de revoir la classification fiscale « prestation de services logistiques », car elle couvre toutes les opérations de travail vulnérables et permet à certaines entreprises d’éviter la responsabilité de leurs employés.

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