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Tanzanie : la République fédérale qui donne des leçons à l’Afrique, au monde

Tanzanie : la République fédérale qui donne des leçons à l’Afrique, au monde

L’efficacité et l’efficience dans la discrétion… Cela résume parfaitement les performances de la Tanzanie, une République fédérale multipartite située en Afrique de l’Est. Les touristes du monde entier la connaissent pour ses vastes étendues sauvages qui cachent de véritables merveilles naturelles, pour leur faune et leur flore : le parc national du Serengeti et le parc national du Kilimandjaro, qui a aussi la particularité d’abriter la montagne la plus haute du continent africain. Mais ce pays de 945 087 km2 avec ses quelque 63 millions d’habitants est bien plus qu’un sublime décor naturel…

Le travail colossal de l’illustre Julius Nyerere

Quand on est entouré par le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la République démocratique du Congo, la Zambie, le Malawi et le Mozambique on ne peut pas être qu’une carte postale. La Tanzanie a remporté tous ses grands défis politiques, sociaux et économiques depuis son indépendance, en décembre 1961, une indépendance imposée au Royaume-Uni sans qu’aucun coup de feu ne soit tiré. Le pays doit ça à un leader visionnaire, l’illustre Julius Nyerere, chantre taux du panafricanisme.

Nyerere fut le premier président de la République du Tanganyika, en décembre 1962 et il a gagné toutes ses batailles, à commencer par celle de l’unification après la fusion entre le Tanganyika et Zanzibar, le 26 avril 1964, pour former la République de Tanzanie. Après 24 années de dur labeur pour maintenir l’unité du pays Nyerera rendit son tablier, en 1985. Il n’a certes pas réalisé des succès économiques éclatants – il ne pouvait pas tout faire – mais tout le monde reconnait qu’il a mis le pays sur les rails d’une vraie démocratie pluriethnique. C’est son successeur, Ali Hassan Mwinyi, qui fera le reste.

Il entreprit la libéralisation économique graduelle du pays, installa le multipartisme en 1992 et organisa les premières élections pluralistes en 1995. La stabilité politique a permis au pays de se focaliser sur une politique ambitieuse pour doper la croissance, parmi les plus fortes et les plus solides en Afrique : une moyenne de 6,3% durant la dernière décennie grâce à des exportations de ressources naturelles florissantes (de grosses réserves d’or, de diamant, de fer, de charbon, de nickel, de tanzanite, d’uranium, d’étain, de phosphate, de pierres précieuses et de gaz naturel).

On peut aussi souligner le boom du secteur tertiaire (télécommunications, transports, finance, tourisme). Certes la croissance du PIB a payé un lourd tribut à la pandémie du Coronavirus, comme du reste tous les autres pays, mais la Tanzanie est l’un des rares à enjamber la récession économique grâce notamment à la bonne santé de l’or à l’export et des restrictions sanitaires minimales qui ont faiblement impacté les activités. En 2021 le PIB réel du pays a progressé de 4,9% pour se hisser à 70,28 milliards de dollars, d’après la Banque de Tanzanie et en 2022 la croissance a été évaluée à 4,5%. 

Le FMI, la BAD, The Economist : ils sont tous conquis

La bonne tenue des investissements publics et privés – essentiellement dans des projets d’infrastructure – a permis de maintenir à flot l’économie du pays en dépit de l’âpreté de la conjoncture internationale. La croissance du PIB est montée à 5,2% en 2023, selon le FMI et cette année elle atteindra 6,2% d’après le magazine britannique The Economiste et la BAD (Banque africaine de développement). C’est l’un des meilleurs taux du continent en 2024 et parmi les 20 meilleurs dans le monde. La Tanzanie renoue avec la moyenne pré-pandémique. 

Toutefois cette politique volontariste pour muscler la croissance a un coût : un déficit public conséquent en 2021-2022 du fait des dépenses relatives au Plan de réponse et de relance socio-économique. Mais c’était le prix à payer pour contenir les effets de l’inflation sur les consommateurs et éviter ainsi au pays de dangereux soubresauts sociaux. En dépit de ces dépenses colossales et du financement de gros projets d’infrastructure le ratio de la dette au PIB du pays a légèrement reflué en 2022, à 39,5%, contre 40,7% un an plus tôt. Le pays tient le bon bout…

Les perspectives du pays c’est le méga plan de développement  – Tanzania Development Vision 2025 – qui les dit le mieux. Cet ambitieux programme travaille sur le gonflement de la contribution du secteur privé, sur l’industrialisation accrue du pays et la création d’emplois. Il est aussi question d’améliorer encore plus le climat des affaires en modernisant les infrastructures, en levant les obstacles au financement des entreprises et en haussant le niveau des ressources humaines à travers une réforme en profondeur du système éducatif.

La Tanzanie a de gros atouts pour remporter les prochaines batailles et l’industrie en fait partie ; elle pèse 29,3% dans le PIB et emploie près de 6% de la population active. Cette dynamique couplée aux recettes à l’export a permis de tasser le taux de pauvreté : 60% en 2007 et 26,4% selon les dernières évaluations de la Banque mondiale (BM), même si l’inégalité des revenus reste très haute malgré la forte croissance économique. Toujours selon la BM le taux de chômage était de 2,5% en 2021 – ce sont les dernières données –  alors que le PIB par habitant (PPA) du pays était évalué à 3374 USD par le FMI (chiffres de 2022). 

Les points de croissance qui manquent à la Tanzanie elle peut aller les chercher dans son gros potentiel hydroélectrique et le gaz naturel. Le gouvernement finance déjà des projets pour doper la production énergétique. L’autre marge de progression est dans le commerce extérieur, le pays ayant paraphé une kyrielle d’accords commerciaux régionaux et internationaux, notamment la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF)…

Et puis il y a les partenaires étrangers, avec de gros clients tels que les Émirats arabes unis (16,5% du total des exportations), l’Inde (15,8%), l’Afrique du Sud (14,3%), la Suisse (8,2%) et le Kenya (6,2%), d’après les données Comtrade 2021. Depuis la Tanzanie a engrangé d’autres succès. Vendre plus à l’étranger et mieux, avec des produits à haute valeur ajoutée, c’est là que les Tanzaniens trouveront d’autres marges de manoeuvre pour muscler leur économie. Le bon niveau d’industrialisation du pays permet de prendre aisément ce virage. 

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