Les langues se délient après les mandats d’arrêt de la CPI (Cour pénale internationale) qui se sont abattus sur le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense, mais également trois hauts responsables du Hamas, tous pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Une enquête conjointe du journal britannique “The Guardian” et de deux médias israéliens, accablante, ébruite les coups bas contre la CPI, bien avant que son Procureur général s’en prenne à Benjamin Netanyahou et compagnie. En fait cette “guerre secrète” a commencé il y a 9 ans et n’a pas cessé depuis.
Espionnage, piratage informatique, intimidations… L’État hébreu se serait livré à toutes sortes de manoeuvres et délits pour saboter les investigations susceptibles de traîner des responsables israéliens devant un tribunal international. C’est la preuve, s’il en fallait, qu’il ne fait pas croire une seconde le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, quand il dit qu’Israël ne reconnait pas la CPI et qu’en conséquence il se moque de ses décisions…
La vérité est que même si l’Etat hébreu n’a pas signé le Traité de Rome instaurant la CPI il en a une peur bleue, ne serait-ce que pour la pression monstre que cette juridiction met sur les dirigeants israéliens, surtout depuis que les mandats d’arrêt réduisent considérablement les horizons de Netanyahou et Gallant, leurs voyages à l’étranger, etc. Ce n’est pas rien, autrement Tel-Aviv ne se donnerait pas tout ce mal pour terroriser les juges de la Haye.
“Depuis près d’une décennie, Israël surveille de hauts responsables de la Cour pénale internationale […] dans le cadre d’une opération secrète visant à contrecarrer l’enquête de la CPI sur des crimes de guerre présumés”, dit l’enquête très fouillée publiée ce mercredi 29 mai sur le site de +972 Magazine et intitulée “Surveillance et interférence : la guerre secrète d’Israël contre la CPI dévoilée”.
Le déballage intervient 8 jours après le séisme politique provoqué par le Procureur de la CPI. D’après ce document, indique le quotidien britannique, Israël “a déployé ses agences de renseignement pour surveiller, pirater, faire pression, diffamer et prétendument menacer les hauts responsables de la CPI dans le but de faire dérailler les enquêtes de la cour”. Par exemple les espions israéliens ont “intercepté les communications” – appels, messages, courriel, documents – du Procureur Karim Khan, dont Tel-Aviv connaissait les projets…
Mme Fatou Bensouda, qui occupait ce poste, était aussi dans le viseur des sbires israéliens pour avoir enclenché en 2021 des enquêtes sur des présumés crimes de guerre en Cisjordanie occupée. Les éléments en sa possession pouvaient valoir des poursuites à des responsables israéliens. Mais le départ de Mme Bensouda n’a en rien éloigné les menaces pour Israël, Khan a repris tous les dossiers et les a ajoutés aux nouvelles charges accumulées depuis l’attaque du Hamas, le 7 octobre dernier…
On a appris par ailleurs que Mme Bensouda aurait été “menacée” par le patron du Mossad à l’époque, Yossi Cohen, qui orchestrait une opération clandestine. Il aurait lancé à la dame : “Vous ne voulez pas vous mêler de choses qui pourraient compromettre votre sécurité ou celle de votre famille.”
Ce n’est pas tout, le Shin Bet avait aussi l’oeil sur les structures palestiniens de défense des droits humains qui “fournissaient fréquemment au bureau du procureur [de la CPI] des éléments sur des attaques israéliennes sur les Palestiniens”, ajoute +972. Bref, tout ça ne soigne pas l’image d’Israël. Le moins qu’on puisse dire est que ces révélations tombent au pire moment.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires