Economie

Transport : Le nouveau ministre pourra-t-il sauver les grandes compagnies nationales ?

Transport : Le nouveau ministre pourra-t-il sauver les grandes compagnies nationales ?

Rabii Majidi, juriste de formation et qui vient d’être nommé au poste de ministre du transport a plusieurs défis à relever et non pas les moindres dont principalement la réforme du secteur, l’injection de fonds dans les entreprises sous tutelle qui sont pratiquement toutes en faillite non annoncée mais surtout la lutte contre la corruption qui est devenue un fléau endémique au niveau du domaine de transport et contre le banditisme syndical qui le ravage.

Regardons de près le bilan de quelques entreprises « clés » du secteur :

Tunisiar : Le 5 octobre courant, le directeur général de la compagnie a indiqué que ses dettes s’élèvent à 2200 millions de dinars, dont environ la moitié soit 1250 millions de dinars est auprès de l’Office de l’Aviation Civile & des Aéroports (OACA) et le reste est réparti entre les dettes contractées auprès de l’État et d’autres auprès de banques locales et étrangères.

En outre, le responsable a souligné que le chiffre d’affaires est en baisse du tiers en 2020, en passant de 1500 million de dinars en 2019, à 500 millions de dinars en 2020 et ce, avec une régression du nombre de passagers de 70% qui est de 1 million de passagers. Selon les prévisions, le même chiffre sera enregistré en 2021. Cette situation a eu des retombées sur les finances de la compagnie, dont les charges financières étaient de 400 millions de dinars en 2020. Depuis 2017, la compagnie n’a pas publié des états financiers.

♦ Compagnie Tunisienne de Navigation (CTN) : La société ne publie ni rapports d’activité ni états financiers. Néanmoins, d’après les données du rapport du ministère des finances sur les entreprises publiques, datant de mai 2020, la CTN est une société qui se désintègre lentement à cause d’une mauvaise gestion conjuguée à des contreperformances qui ne présagent rien de bon. Le rapport met en avant une baisse continue de l’activité de la compagnie en raison des pannes mécaniques récurrentes.

Sur le volet effectif, le nombre d’employés de la CTN s’est accru à 1.195 employés en 2018 ce qui a engendré une hausse de 12% des frais de personnel (66,8 millions de dinars). Quant au résultat d’exploitation, une régression de -12,5% a été enregistrée. La compagnie a accusé en 2018 une perte nette de 31,3 millions de dinars. Les fonds propres de la compagnie sont inférieurs à la moitié du capital social suite aux pertes qu’elle a subies.

La Société Nationale des Chemins de Fer Tunisiens (SNCFT) : Depuis cinq ans aucune mise à jour n’a été faite sur les chiffres relatifs à l’activité de l’établissement sur son site officiel. En 2020, la SNCFT a enregistré des pertes cumulées s’élevant à 800 millions de dinars, alors que ses dettes ont dépassé les 365 millions de dinars, selon des déclarations faites début le 6 juillet dernier par l’ex-ministre du Transport et de la Logistique Moez Chakchouk. De plus, les dus de la société auprès des ministères au titre du transport gratuit ont dépassé 62 millions de dinars à fin mars 2021.

La compagnie souffre, également, d’après l’ex-ministre de difficultés structurelles et qui consistent particulièrement, en la vétusté de son parc, son incapacité à acquérir les pièces de rechange nécessaires à la maintenance, la dégradation de la situation des entrepôts de maintenance, le blocage de la réalisation des nouveaux entrepôts, outre le manque de main d’œuvre qualifiée.

La mobilisation des financements nécessaires pour lever les obstacles qui entravent les investissements de la société et impactent négativement, son rendement et ses services, est l’autre point important évoqué par l’ex-ministre qui a également abordé l’impact négatif de la bureaucratie sur la mobilisation des financements extérieurs, ce qui a été, selon lui, derrière le retard accusé dans la réalisation de certains projets à l’instar de celui du réseau ferroviaire rapide.

Les Sociétés régionales de transport : Le nouveau ministre du transport doit faire face aux graves problèmes des sociétés régionales du transport dont les flottes sont de plus en plus vétustes et réduites suite aux grands retards pris dans les marchés publics et leurs situations financières difficiles les empêchant de bénéficier de crédits bancaires afin d’acquérir de nouveaux équipements.

En revanche et au vu de la situation actuelle des finances publiques, il semble difficile que le ministère du transport pourrait rattraper le retard dans la réalisation de projets du port en eaux profondes, le métro de Sfax, et l’amélioration de l’efficacité des ports et notamment le port de Radès outre la correction du déficit d’investissement en autobus et autocars avec une attention particulière au transport scolaire et rural et la mise en œuvre des actions relatives aux aspects institutionnels et de renforcement de capacité et l’organisation des de la logistique.

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