Economie

Tunisie : Quand l’Etat contribue à l’augmentation du taux de chômage!

Tunisie : Quand l’Etat contribue à l’augmentation du taux de chômage!

D’un côté une digitalisation administrative, des dizaines d’initiatives encourageant la création des entreprises, l’appui aux nouveaux promoteurs, des étapes procédurales « simples et rapides »… de l’autre, une croissance économique négative, une succession de sit-in et une montée vertigineuse du chômage. Quel étrange paradoxe !

D’après les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique (INS), le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur a subi une augmentation marquante allant de 28,6% en 2019 à 30,1% au cours du troisième trimestre de 2020.

Cette évolution alarmante du taux du chômage s’est aggravée encore plus avec une crise économique sans précédent enregistrée en 2020. Un ralentissement de la croissance, de l’emploi, voire même des recettes budgétaires, ont contribué à la dégradation des perspectives économiques et par conséquent à une impasse sociale et à des frustrations multiples.

De ce fait, des jeunes diplômés ont organisé des sit-in, tandis que d’autres chômeurs ont opté pour l’escalade, via le blocage des routes pour mettre en avant leurs revendications.

D’autres jeunes sont partis ailleurs à la recherche d’un avenir meilleur. Quel est alors le rôle de l’Etat ?

La création des entreprises : la « solution illusoire » pour faire taire les jeunes diplômés

Plusieurs initiatives provenant d’institutions étatiques différentes ont encouragé la création d’entreprises depuis 2011. Ces nouvelles mesures ont miroité la possibilité d’appuyer les nouveaux investisseurs via des procédures « simples et rapides ».

Plusieurs jeunes sont tombés droit dans ce piège d’espoir « fictif » et se sont heurtés à une réalité décevante.

Gros problème puisque ces derniers n’ont souvent pas droit à l’erreur. L’entreprenariat ne donne souvent pas une seconde chance, le premier échec est fatal.

Des procédures qui s’éternisent !

Selon le comptable Cherif Jebali, plusieurs difficultés sont mises en avant quand il s’agit de création d’entreprises. Les procédures en 2011 étaient plus ou moins rapides. La création de l’entreprise sur le site de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) ne dépassait pas généralement 48heures dont 24h pour l’obtention de l’agrément et 24h pour la création juridique de l’entreprise au sein du Guichet Unique de l’institution en question. Cet enregistrement comprend : l’enregistrement du statut, l’obtention de la carte d’identification fiscale, la déclaration d’ouverture, l’enregistrement au greffe de tribunal de première instance, l’insertion au JORT et l’obtention du registre de commerce, ainsi que l’inscription à la Douane.

La digitalisation administrative « fictive », une opportunité idéale pour s’envoler ? 

Face à une situation socio-économique chaotique depuis 2011, la digitalisation administrative fut l’une des solutions présentées pour surmonter la crise, accélérer les procédures et démanteler les obstacles, en libérant le promoteur des procédures qui l’enchaînent. De nouveaux investisseurs sont capables de lancer leurs projets et de jeunes diplômés peuvent également créer leurs propres entreprises. Hélas ! Ce n’est qu’une utopie !

Les procédures de création des entreprises avant le début de la pandémie ont été prolongées de 5 à 8 jours d’attente. La procédure en question comprend 4 étapes réparties comme suit :

  1. La réservation d’une dénomination sociale, où il faut attendre de 1 à 3 jours
  2. Le dépôt de la déclaration d’un projet en ligne finalisé, également entre 24 et 72 heures
  3. La prise du rendez-vous, en vue de respecter le protocole sanitaire suite à la propagation du coronavirus. Il faut désormais de 5 à 10 jours d’attente pour déposer le dossier.
  4. Le dépôt du dossier juridique qui requière un délai d’attente de 4 à 6 jours.

De ce fait, la digitalisation, censée faciliter ce processus, a contribué à l’obstruction des procédures. Selon Cherif Jebali, cela est expliqué par le transfert des données en ligne qui prend énormément de temps. Il a indiqué également la lenteur, voire même l’absence de réactivité quant à la prise des rendez-vous. La digitalisation ne serait qu’un mirage. Un subterfuge du politique pour amadouer ceux qui s’accrochent encore à leurs rêves.

Résultat des courses, le seul ROI de cette digitalisation serait que près de 80% des investisseurs et des comptables finissent par se rendre physiquement dans les  bureaux régionaux pour finaliser les procédures qui s’éternisent à l’APII.

 

 

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