On vous disait le 5 mai dernier que la rébellion d’Evguéni Prigojine contre ses créatures marque le début de la fin du système mis en place par Vladimir Poutine. Les derniers développements, spectaculaires, le confirment. Le chef des paramilitaires de Wagner a menacé de faire route vers Moscou pour y affronter ses ennemis, les patrons de l’armée. Jusqu’ici le maître du Kremlin faisait mine d’ignorer le conflit interne, jouant sur les deux tableaux et divisant pour mieux régner, mais là la situation devient hors de contrôle. Poutine n’a pas hésité à parler de risque de «guerre civile»…
Prigojine est très remonté contre l’armée, qu’il accuse d’avoir bombardé ses camps. «On continue, on ira jusqu’au bout» et «nous détruirons tout ce qui sera mis sur notre route». Ce samedi 24 juin au matin le chef de Wagner a déclaré qu’il occupe le quartier général de l’armée russe à Rostov, d’où la plupart des opérations en Ukraine sont organisées. Il dit également contrôler de nombreux sites militaires.
Bon, il est très peu probable qu’il prenne le risque d’affronter l’armée mais son action pourrait déstabiliser en profondeur le pays, englué dans une guerre que Poutine lui a imposée et que manifestement la Russie ne gagnera pas. Sans parler des conséquences pour le peuple russe, avec des sanctions qui pourrissent la vie des citoyens, en attendant la facture de la reconstruction de l’Ukraine que des générations de Russes devront régler.
«Nous sommes au QG, il est 07 h 30 du matin» (04 h 30 GMT), avait dit Prigojine dans une vidéo sur Telegram. «Les sites militaires de Rostov sont sous contrôle, y compris l’aérodrome», avait-il indiqué. Même Poutine a été contraint de reconnaître que la situation à Rostov est «difficile»…
Dans son discours télévisé de ce samedi d’une durée d’à peine 5 minutes le président russe, la mine grave, a déclaré ceci : «Nous défendrons notre pays, y compris contre une trahison de l’intérieur». Il a pointé «un crime grave, une fronde armée (…). Cela peut mener à une guerre civile. (…) Toute fronde intérieure est une menace mortelle contre notre État», a dit Poutine.
«Les actions qui divisent notre unité montre la défaite devant notre propre peuple. C’est un coup de couteau dans le dos de notre pays et de nos concitoyens», a-t-il ajouté, tout en prenant soin de ne pas nommer celui qui fut son cuisinier et a fini dans le dernier cercle du pouvoir. Il a dénoncé les actes posés par Prigojine dont les «ambitions démesurées» l’ont conduit à «trahir» son pays.
Poutine promet des «actions décisives» pour reprendre la main à Rostov. «Je ferai tout ce qui est possible pour défendre mon pays… Et ceux qui ont organisé une rébellion armée devront répondre de leurs actions. Ceux qui ont été emportés là-dedans, je vous appelle à mettre fin à vos actions criminelles», a martelé le maître du Kremlin.
«Nous ne laisserons pas cela se reproduire», a-t-il ajouté, en allusion à la guerre civile qui a sévi en Russie après la Première Guerre mondiale. «Je vais tout faire pour défendre le pays, pour préserver la Constitution, la liberté et la sécurité des citoyens. Ceux qui ont effectué cette rébellion ont trahi la Russie et vont répondre de leurs actes», promet Poutine.
A noter que le parquet général russe a déclenché une enquête pour «mutinerie armée» sur Prigojine et les 25 000 combattants qu’il revendique. Les autorités prennent très au sérieux ses menaces et ont monté le niveau de la sécurité à Moscou où le «régime d’opération antiterroriste» a été activé…
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