Mardi le 12 janvier 2021, Abdelmajid Zaar, président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de pêche (UTAP) a déclaré à partir de Tataouine et au milieu de ses sympathisants que la pénurie de l’alimentation animale est conjoncturelle et qu’elle est due à de simples dysfonctionnements passagers d’approvisionnement tout en appelant le gouvernement à y remédier.
Il a déclaré, au passage qu’il ne doit y avoir aucune crainte concernant les répercussions de la crise sanitaire quant à d’éventuels manques de produits alimentaires et que l’autosuffisance alimentaire est une priorité nationale.
Abdelmajid Zaar n’a pas manqué, sur un ton sûr et optimiste, de dire fièrement que la Tunisie jouit de l’autosuffisance alimentaire et que le pays est dans la capacité de satisfaire ses besoins quelle que soit la difficulté du contexte.
Toutefois et de toute évidence, les propos de Zaar sont loin de la réalité. La balance commerciale alimentaire a enregistré un déficit de 859,4 millions de dinars au cours de l’année 2020, avec un taux de couverture des importations par les exportations ne dépassant pas 84,9%.
La baisse du déficit est le résultat de la hausse des importations contre un accroissement relativement peu conséquent du rythme des exportations, notamment de l’huile d’olive, en raison de la récolte importante de la saison dernière avec une baisse quasi généralisée des exportations de plusieurs produits tels que les agrumes, les produits de la mer et les dattes.
Abdelmajid Zaar a oublié de parler des vrais problèmes de l’agriculture ou plutôt des scandales qui secouent le secteur dans son ensemble.
Les scandales continuent depuis belle lurette à défrayer la chronique dans ce secteur stratégique. Les affaires menacent directement l’alimentation de la population mais aussi la pérennité des exploitations agricoles. Une véritable mafia sévit; procédant à tout type d’actes criminels à savoir spéculation, contrebande, monopole, entente illicite, concussion, etc. Tout se passe dans l’impunité totaleau vu et su des autorités et surtout de Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) qui observe un silence « étonnant ».
La dernière affaire est la destruction de tonnes de piments « infectés » par un virus « inconnu » à Monastir, d’autres affaires sont beaucoup plus graves telles que la spéculation sur la récolte de dattes de cette année par de véritables gangsters, au point que les agriculteurs étaient obligés à brader leurs récoltes à des prix dérisoires.
Zaar a oublié également de justifier son silence à propos de l’affaire concernant la découverte de pas moins de 17.000 quintaux de semences avariées à Gobalat, dans le gouvernorat de Béja, laissées sciemment à l’air libre pendant 3 ans. La valeur du stock est estimée à 2.5 millions de dinars. Ni le ministère de l’agriculture ni l’UTAP n’ont donné suite à ce dossier…
Depuis plusieurs années, une importante pénurie touche l’alimentation du bétail, en l’occurrence le fourrage subventionné et derrière, comme d’habitude, on parle de mafias de spéculateurs et de contrebandiers « puissants ». Cette mafia qui partage le marché est composée de quelques familles. Au-delà des scandales devenus fréquents et des affaires sans suite, Abdelmajid Zaar semble bizarrement confiant quant à l’avenir de l’agriculture et l’assiette des tunisiens.
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