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Tunisie : Santé : Premier défi pour Sonia Ben Cheikh : S’intéresser à l’hôpital de Jendouba avant la survenue d’un nouveau drame !

Tunisie : Santé : Premier défi pour Sonia Ben Cheikh : S’intéresser à l’hôpital de Jendouba avant la survenue d’un nouveau drame !

Bien qu’elle soit intérimaire, la ministre de la santé a le devoir, de part son statut de médecin, de prendre les devants et d’agir en amont des catastrophes, pour faire en sorte de les prévenir, au lieu de se contenter de constater à posteriori les dégâts, de créer des commissions d’enquête et de chercher un bouc émissaire.

Il y a fort à parier que la prochaine catastrophe va survenir à l’hôpital de Jendouba. En effet, cet établissement n’est plus que l’ombre du centre hospitalo-universitaire qu’il fût un jour. Il est déserté par les médecins et autres cadres de la santé. Il est géré de façon calamiteuse. En en sortant vivants, les malades ont l’impression de renaître…

La ministre doit le savoir et ne pourra jamais prétendre le contraire. D’autant plus que le signal d’alarme vient de retentir dans son bureau, comme partout dans le pays, suite au cri de détresse lancé par les médecins exerçant dans cet hôpital et leur syndicat. Un cri qui rapporte une situation sidérante.

En effet, aux urgences, il manque les produits nécessaires aux premiers soins des infarctus du myocarde et servent à lever l’obstruction des artères du cœur. Ceci s’est soldé par le décès, qui aurait pu être évité, de huit patients depuis le début de l’année. Les services du ministère ont, comme à leur accoutumée, répondu à côté de la question. Nous avons eu droit à un démenti véhément du PDG de la pharmacie centrale, qui nous a juré que ces produits étaient disponibles dans ses entrepôts. Ce qui, finalement, aggrave encore plus le problème, car, en fait, le manque de ces produits aux urgences de Jendouba n’est nullement due à une rupture de stock à la Pharmacie centrale, mais à la mauvaise gestion de l’hôpital qui n’a pas jugé utile d’en acheter.

Le problème des urgences en cardiologie n’est que la partie apparente de l’iceberg. Concernant la cardiologie dans cet hôpital, les médecins se sont plaints de l’absence de médecins spécialistes, les deux qui y exerçaient étant partis, l’un en retraite et l’autre pour le secteur privé. De ce fait, tout le service se trouve sous la responsabilité d’un seul médecin généraliste, qui fait tout : de la consultation, aux explorations, à l’hospitalisation, aux gardes… sans la supervision d’un senior spécialiste en cardiologie. Ce qui constitue une entorse grave à la législation. Ce médecin est secondé par deux praticiens chinois, sur les compétences desquels tout le monde s’accorde à dire qu’elles sont loin d’être suffisantes, d’autant plus qu’ils ne sont pas rompus aux nouvelles techniques d’exploration.

Dans ce cas de figure, le médecin généraliste qui s’occupe de ce service est à plaindre et rares sont ceux qui aimeraient être à sa place. S’il se retirait, devant l’énormité de la responsabilité qui ne cadre pas avec ses diplômes, il sera traité de déserteur et laisserait les patients sans aucune prise en charge. S’il continue à faire ce qu’il fait, un de ces quatre, il se retrouvera dans le box des accusés et sera le bouc émissaire idéal pour cacher la non réactivité des autorités.

Alors de grâce, madame la ministre ! Laissez tomber les dossiers qui ne risquent pas d’aboutir et les réunions qui ne mènent nulle part et prenez le taureau par les cornes. De grâce, évitez à ce pauvre pays une autre catastrophe qui ne saurait tarder !

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