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Les médicaments manquent et pourtant les réserves en devises pour les importer, abondent…

Les médicaments manquent et pourtant les réserves en devises pour les importer, abondent…

La crise qui secoue le secteur des médicaments dure depuis plusieurs années. Il paraît qu’elle a pris au cours de l’année 2020 une grande ampleur.

Le président de l’association des pharmaciens, M. Nadhem Chakri, a déclaré le 27 décembre courant que l’association ne veut plus annoncer les ruptures de stock des médicaments, tellement ils sont devenus nombreux et parce qu’une telle annonce augmenterait les problèmes dans la mesure où les malades se rueraient vers les officines pour stocker les médicaments dont ils ont besoin.

M. Chakri a précisé que pas moins de 500 médicaments ont connu des ruptures de stock dans les officines en 2020, dont plusieurs sont des médicaments pour maladies chroniques.

Le problème est complexe. Les professionnels de l’industrie pharmaceutique et plusieurs observateurs pointent des défaillances structurelles au niveau de la gestion du secteur notamment en ce qui concerne la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT) dont la dette à ses fournisseurs étrangers se chiffre à 800 millions de dinars.

Le surendettement colossal des hôpitaux publics pèse lourdement sur la PCT. A cela s’ajoute une contrebande très active de médicaments vers des pays voisins et dont il est difficile d’évaluer le volume exact.

Des observateurs affirment que vue les perturbations persistantes en approvisionnement qui touchent un très grand nombre de médicaments, la crise du secteur atteindra son apogée dans quelques mois, où l’on risque de subir une pénurie sans précédent.

Toutefois, la PCT et ses partenaires sont laissés à leur triste sort en raison des faibles subventions de l’Etat à un secteur vital malgré l’abondance des réserves en devises oisives qui ne devront pas être constituées pour être stockées ou pour payer des dettes extérieures, uniquement.

Ces réserves qui s’élèvent à actuellement à 22943 millions de dinars ce qui permet de couvrir 160 jours d’importation doivent impérativement être une ressource pour garantir l’importation des produits de première nécessité et les biens d’équipement indispensables à l’infrastructure.

Cependant, il semble que les autorités monétaires ont une autre logique qui se base sur le maintien d’un niveau élevé de réserves de change afin de garder artificiellement des indicateurs monétaires et financiers à des niveaux « efficients » même si ceci est au détriment des besoins vitaux de la population.

Plusieurs organismes financiers internationaux dont particulièrement La Banque Africaine de Développement ont mis en garde les autorités tunisiennes contre la dangerosité de telles manœuvres non conformes aux normes.

Le marché du médicament en Tunisie était de l’ordre de 2.3 milliards de dinars, en 2017. Il est constitué d’importations de la PCT (monopole) à raison de 47.5% et de production locale de médicaments pour une part de 52.5%. La PCT est le fournisseur exclusif des établissements de santé publics et parapublics, que ce soit pour les médicaments importés mais également pour les médicaments produits localement. 76% des médicaments « hospitaliers » proviennent des importations, donc de la PCT et 24% proviennent des producteurs locaux qui passent par la PCT.

L’essentiel du marché du médicament est écoulé à travers le circuit de distribution privé : 75% soit 1,705 milliards de dinars à travers les ventes de médicaments aux officines et établissements privés.

La PCT est par conséquent chargée de l’approvisionnement de 47.5% du marché du médicament dans son ensemble en Tunisie et de 100% de l’approvisionnement du secteur public. Elle ouvre à maintenir un suivi des stocks de sécurité (3 mois de consommation) des médicaments, notamment vitaux, à travers toutes ses antennes de stockage régionales.

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