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Une glissade dangereuse, chez Kaïs Saïed, chez les profs…

Une glissade dangereuse, chez Kaïs Saïed, chez les profs…

Kaïs Saïed qui monte au front pour éteindre l’incendie à Agareb, Kaïs Saïed qui est presque obligé de traiter la montée de la violence dans le milieu scolaire… Bref, un chef d’Etat sur tous les fronts, qui mouille la chemise, qui s’implique dans tous les dossiers chauds, l’affichage est très bon. Et c’est surtout très bon pour le moral des troupes. Mais attention à la glissade !

Il ne faudrait pas que les citoyens se disent, et se convainquent, qu’il n’y a que le président de la République qui peut régler leurs problèmes. C’est un raccourci très dangereux. Kaïs Saïed a une équipe autour de lui, et pas petite, une formation qu’il a lui-même composée, unité par unité. Je veux parler du gouvernement. Certes le président de la République a la fâcheuse tendance à leur faire de l’ombre, à les éclipser, mais il ne faut pas que ces Messieurs/Dames se déresponsabilisent et surtout pas que les citoyens les déresponsabilisent. C’est à eux de régler les problèmes du pays, de mettre la main dans le cambouis. Et Kaïs Saïed doit le leur signifier clairement. A moins qu’il préfère entretenir cette étrange façon de faire et qui n’honore pas la Tunisie : Tout est solutionné au palais de la Kasbah…

Un autre fait étrange dans la semaine (il y en a beaucoup d’autres) : la grève des enseignants pour exiger qu’une loi en bonne et due forme condamne et criminalise les agressions contre les profs. Personne ne va minorer les horreurs qui sont commises en ce moment par des jeunes désocialisés, lobotomisés par la violence insoutenable dans les réseaux sociaux, un fait sociétal mondial inquiétant où il y a beaucoup à dire. Notre propos ici c’est de nous demander si l’arsenal pénal n’est pas déjà suffisamment répressif pour qu’on n’ait pas besoin d’une nouvelle loi. Notre avis est qu’il l’est déjà suffisamment, et que s’il y a un problème c’est dans la rapidité de la justice à traiter les débordements et dans la sévérité des sanctions.

Si chaque fois on doit faire une loi sur mesure, parce qu’il y a un gros pépin quelque part, vous imaginez le gonflement du Code pénal, et l’impossibilité pratique pour les juges de l’appliquer après.

Et puis il y a le problème de la méthode. Faire une grève cela veut dire livrer nos enfants à la rue, laquelle fait déjà beaucoup de dégâts dans la tête de nos gamins ; faire une grève cela veut dire démobiliser encore plus des élèves dont le niveau touche déjà le fond au point que la Tunisie ne figure plus sur aucun classement international digne de ce nom. Sans parler de la pédagogie mortifère de ce débrayage : les enseignants inculquent de fait à leurs élèves que dans ce pays il faut faire grève pour tordre le bras aux autorités. Bref, le remède des profs est pire que le mal ! Ce n’est pas ainsi que l’Education va regagner ses lettres de noblesse en terre tunisienne…

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