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Bhiri, CSM… : Saied et Charfeddine devront répondre aux accusations de Raoudha Karafi

Bhiri, CSM… : Saied et Charfeddine devront répondre aux accusations de Raoudha Karafi

La magistrate et présidente d’honneur de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), Raoudha Karafi, a corsé le bras de fer qui les oppose au chef de l’Etat, Kais Saied. Elle a défendu bec et ongles le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) en arguant que la mainmise de l’exécutif sur la magistrature pour des intérêts particuliers était un des aspects de la dictature de Ben Ali.

Elle a déclaré ce jeudi 13 janvier sur une radio privée qu’aucune plainte en rapport avec le dossier des passeports et de la délivrance de la nationalité tunisienne – pour lequel Noureddine Bhiri a été épinglé – n’avait été réceptionnée par le ministère public en 2013. Elle a indiqué que certes l’affaire date de 2013, mais que la plainte n’est tombée qu’en octobre 2021, comprenez après que le président de la République a mis la main sur tous les leviers du pouvoir…

La présidente d’honneur de l’AMT a ajouté qu’aucun de ses collègues «n’a caché un quelconque dossier. Les affirmations du ministre de l’Intérieur sont dangereuses et pointent du doigt les juges. On ne peut pas incriminer le ministère public pour une enquête qui n’existait pas», a-t-elle asséné…

Raoudha Karafi a déclaré que les propos du ministre avaient pour objectif d’influer sur les orientations de la justice. Elle a invité la ministre de la Justice, Leila Jaffel, à diligenter un audit de l’Inspection générale de son département pour mettre la main sur les prétendus dossiers sensibles planqués sous le tapis depuis une dizaine d’années.

Elle a ensuite évoqué le rapport de la Cour des comptes, qui vaut à 19 personnalités de la scène politique des déboires avec la justice. La magistrate a déclaré que ce document ne peut pas faire office de jugement et qu’il faut de nouveau l’examiner minutieusement, avant de le passer à la justice laquelle donnera suite…

«On nous brandit l’indépendance de la justice alors que le chef de l’Etat avait convoqué des juges pour leur donner clairement et directement des instructions. Le président de la République les a traités comme des employés, alors qu’ils sont les émissaires d’un pouvoir indépendant ! Je tiens à souligner que la juge à la Cour des comptes, Fadhila Gargouri, avait indiqué qu’un simple virement bancaire n’est pas décisif. La justice doit établir la preuve que l’élu a reçu un financement extérieur pour les besoins de sa campagne», a dit la présidente d’honneur de l’AMT…

Par ailleurs elle a déclaré que déclencher des enquêtes et émettre des jugements n’a aucun fondement vu qu’il y aura des élections anticipées en décembre 2022. «Il n’est pas possible matériellement d’avoir des verdicts en moins d’un an. On cherche simplement à harceler et mettre la pression sur la justice et les magistrats tunisiens. De cette manière il – comprenez Kais Saied – pourra aller au bout de son projet pour asservir le pouvoir judiciaire», a-t-elle ajouté.

Raoudha Karafi s’en est ensuite pris aux professeurs de droit aux côtés du chef de l’Etat, au motif qu’ils s’inscrivent dans la droite ligne de l’expérience française du temps du général de Gaulle. «Il avait pris l’engagement de ne pas toucher les droits et liberté, mais aussi le pouvoir judiciaire ! La justice est une ligne rouge à ne pas franchir quand l’état d’exception est décrété…», a déclaré la magistrate…

 

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