Economie

Tunisie : Gel temporaire des prix des carburants, en attendant le référendum ? (1/2)

Tunisie : Gel temporaire des prix des carburants, en attendant le référendum ? (1/2)

Les autorités ont suspendu depuis le mois d’avril dernier l’application du mécanisme d’ajustement périodique des prix des carburants, qu’elles entendaient activer mensuellement, en se contentant pour le moment de décréter trois hausses des prix des carburants au cours du premier semestre de cette année dans l’attente, semble-t-il de dépasser l’échéance du référendum sur la nouvelle constitution prévue le 25 juillet prochain.

Comme l’a annoncé le gouvernement à plusieurs reprises, le mécanisme d’ajustement des prix des carburants est censé fonctionner mensuellement dans le sens d’une augmentation des prix afin de réduire la facture de la subvention énergétique et de s’orienter progressivement vers la réalité des prix dans le cadre du plan de réforme des subventions.

Cependant, le gouvernement de Najla Bouden n’a approuvé que trois augmentations de prix des carburants depuis sa nomination, en augmentant les prix de l’essence de 11,2% et du gasoil de 11,5 %.

Les prix des carburants ont été ajustés au cours du premier semestre à trois reprises dont la dernière était le 14 avril et qui a été la plus importante avec 110 millimes de hausse pour le litre d’essence et 85 millimes pour le litre de gasoil.

Depuis la nomination du gouvernement de Najla Bouden, le prix d’un litre d’essence est passé de 2095 millimes à 2330 millimes, tandis que le prix d’un litre de gasoil est passé de 1605 millimes à 1790 millimes et ce, officiellement pour assurer un approvisionnement régulier du marché et afin de réduire l’impact négatif de l’évolution importante des prix du pétrole brut sur le marché mondial sur le budget de l’Etat.

Le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie a déclaré que chaque augmentation d’un dollar par baril de pétrole entraîne des besoins de financement supplémentaires pour la caisse des subventions des carburants, d’électricité et du gaz d’environ 140 millions de dinars par an.

Cependant les autorités qui avaient prévu d’augmenter de 3% par mois les prix de l’essence jusqu’au mois de septembre dans une première étape ont gelé depuis fin avril les augmentations en attendant fort probablement de dépasser l’échéance politique que connaitra le pays le mois prochain.

D’ailleurs la commission d’ajustement des prix des hydrocarbures ne s’est pas réunie depuis deux mois sachant que généralement la décision d’ajuster les prix est politique.

Aussi, la commission n’a pas été invitée à se réunir, à priori, pour statuer sur un nouvel ajustement des prix en dépit de l’accroissement vertigineux des cours du pétrole et du gaz sur le marché mondial et les répercussions attendues, de ce fait, sur le budget et les équilibres de la balance commerciale énergétique.

Il est à rappeler, sous cet angle, que depuis le début du mois de mars 2020 et suite à la promulgation du décret conjoint des ministres de l’énergie et des finances portant sur l’ajustement des prix de vente des carburants en fonction de l’évolution des cours mondiaux des produits énergétiques, la fixation des prix a été confiée à une commission technique chargée de déterminer et suivre les prix de vente du pétrole et du gaz au niveau mondial. Un des articles du décret ministériel indique que le taux de la révision mensuelle des prix ne doit pas dépasser 1,5% des prix en vigueur au moment de l’ajustement.

Par ailleurs, les augmentations décidées par le gouvernement Bouden depuis sa nomination sont estimées à 235 millimes pour l’essence sans plomb, tandis que le prix du diesel a augmenté de 185 millimes.

La série d’augmentations a commencé à partir du mois de février dernier, suivie d’une deuxième augmentation le dernier jour du même mois et d’une troisième le 14 avril.

Les augmentations du prix de l’essence ont été faites progressivement de 60 millimes au début de février à 65 millimes à la fin du même mois et à 110 millimes au cours du mois avril

Les prix du gasoil ont également progressé de 50 millimes pour les deux augmentations de février à 85 millimes en avril.

Selon  les chiffres officiels publiés par l’Institut National de la Statistique (INS) début mai, le déficit commercial énergétique de la Tunisie s’élevait à 2,3 milliards de dinars à la fin du mois d’avril,  soit  plus d’un tiers du déficit commercial total du pays.

L’INS a expliqué l’aggravation du déficit commercial, par l’explosion des importations d’énergie, qui ont augmenté d’environ 90% pour atteindre 4 milliards de dinars au cours des quatre premiers mois de cette année.

Les indicateurs officiels révèlent que le déficit du bilan de l’énergie primaire s’est creusé à 48% en 2021 contre 10% en 2010, et la dépendance à aux importations des produits énergétiques a fait croitre les besoins de financement pour équilibrer la caisse de subvention des carburants, d’électricité et de gaz d’environ 5,1 milliards de dinars par rapport aux prévisions initiales de la loi des finances 2022 qui a été adoptée sur la base de l’hypothèse d’achat du baril du pétrole à 75 dollars.

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