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L’Ouganda dans le TOP 20 mondial de la croissance pour de bonnes raisons

L’Ouganda dans le TOP 20 mondial de la croissance pour de bonnes raisons

L’Ouganda fera partie cette année des champions de la croissance en Afrique, elle fera même partie des 11 nations africaines logées dans le TOP 20 des économies les plus dynamiques du monde, d’après les dernières prévisions de la Banque africaine de développement (BAD). Des performances qui n’étaient pas prédestinées tant ce pays enclavé d’Afrique de l’Est a accumulé les lourds handicaps au fil des ans…

Des puissants voisins qui ne lui veulent pas que du bien

D’abord géographiquement le pays est coincé entre de puissants voisins que sont la République démocratique du Congo (RDC) à l’ouest, le Kenya à l’est (l’économie la plus forte de la région) le Rwanda au sud-ouest, le Soudan du Sud au nord et la Tanzanie au sud. Cette situation peut-être un avantage si elle est exploitée pour faire du pays un carrefour économique, mais elle peut aussi être source de remous si deux voisins s’écharpent, le cas actuellement de la RDC et du Rwanda, le premier accusant le second de soutenir la rébellion pour le déstabiliser et voler ses richesses minérales.

Il y a aussi les soubresauts politiques et institutionnels depuis que l’Ouganda est sorti du joug du Royaume-Uni (le protectorat britannique est instauré en 1894) pour arracher son indépendance en 1962. Tout allait bien au départ avec le Premier ministre Milton Obote, le premier président de la République. En 1966 le régime parlementaire se mue en régime présidentiel et en 1967 l’avènement de la République efface les monarchies pré-coloniales. Les choses se gâtent en 1971, le président Obote est destitué par un coup d’Etat, orchestré par le dictateur Idi Amin Dada. Son règne sanglant s’acheva en 1979, balayé par la guerre entre l’Ouganda et la Tanzanie (quand on vous parlait de la capacité de nuisance du voisinage).

Depuis 1986 c’est l’actuel chef de l’Etat, Yoweri Museveni, qui préside aux destinées des Ougandais, à la faveur d’une énième guerre remportée par le Mouvement de résistance nationale. Le long règne de Museveni est de plus en plus contesté par une frange de la jeunesse, reprochant au président ses subterfuges et tripatouillages constitutionnels pour se cramponner à son fauteuil, à 79 ans. Mais d’autres voient dans cette longévité un gage de stabilité et de sécurité qui expliquerait la bonne tenue de l’économie.

Après Museveni des lendemains qui chantent ou déchantent ?

Le pays était en quête d’un modèle économique depuis l’indépendance et a eu beaucoup de mal à prendre ses distances avec l’héritage britannique. Les premières vraies réformes ont été introduites à partir de 1986 par le putschiste Museveni. Résultats : une croissance de plus de 5% en 2010 après des pics à 8%-10% en 2006-2008. Certes le changement de cap n’a pas réglé tous les problèmes du pays, un des plus pauvres en Afrique au début du 21ème siècle, mais ce virage a le mérite de mettre l’économie sur les bons rails. Les Ougandais commencent à en récolter les fruits. Ce pays de près de 46 millions d’habitants se donne toutes les chances d’un brillant destin, la suite dépendra du visage qui incarnera la relève après le règne interminable de Museveni.

Avec un Produit national brut (PNB) très honorable (35 milliards de dollars en 2021, on attend les derniers chiffres) l’Ouganda a de bonnes raisons de croire en l’avenir, adossé sur une population alphabétisée à plus de 70%. L’élevage pèse lourd dans le Produit intérieur brut (PIB), quelque 24% ; le secteur emploie près de 73% de la population active. Mais les mines et les industries pèsent encore plus, 22% du PIB et fournissent près de 7% des emplois. Et que dire du secteur des services, qui occupe 50% dans le PIB du pays et génère 21% des postes d’emploi.

L’élevage, le coton, le thé et surtout le café et la pêche (en eau douce) prospèrent sur les plateaux verdoyants du Nord du Lac Victoria et apportent de grandes satisfactions au pays. A eux seuls le café, le thé, le sucre et le coton représentent près de 40% du total des exportations. Grâce au volontarisme des autorités locales et à l’appui de la communauté internationale l’Ouganda a pu contenir le fléau du SIDA, auquel la population et le développement du pays ont payé un lourd tribut. Reste à affronter une autre tragédie : le conflit sanglant au Soudan du Sud. Toujours le fardeau des voisins…

Plus de 800 000 Soudanais ont trouvé refuge chez Museveni, un défi sécuritaire, humanitaire mais aussi financier que l’Ouganda gère comme il peut. Des ressources additionnelles il faudra en trouver et vite. L’exploitation du pétrole du lac Albert a été renvoyée sine die, une mauvaise nouvelle qui était venue s’ajouter à la chute de la croissance en 2020 du fait de la pandémie du Coronavirus, alors qu’elle était à plus de 6% en 2019. Avec de tels freins le pays a dû se contenter d’une croissance de 3,5% depuis 2021 et le taux d’extrême pauvreté est resté scotché à 42%. C’est beaucoup, beaucoup trop. Mais l’espoir est permis à partir de 2024, d’après les prévisions de la BAD et du FMI (Fonds monétaire international), surtout si les gisements d’hydrocarbures du lac Albert tiennent leurs promesses.

 

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