Economie

Analyse – L’inflation écrase les Tunisiens…

Analyse – L’inflation écrase les Tunisiens…

L’augmentation des prix de l’énergie et des taux d’inflation semblent avoir eu de très graves répercussions sur la classe moyenne en Tunisie, avec des milliers de familles qui tombent dans la pauvreté en raison des augmentations continues des prix.

La classe moyenne en Tunisie constitue l’épine dorsale du tissu social, elle se compose d’employés, de citoyens à revenu moyen, de petits artisans et de commerçants, et leurs revenus oscillent entre mille et 2500 dinars. L’augmentation du prix de l’énergie est un moteur majeur de l’inflation, compte tenu de son impact direct et quotidien sur les prix du marché.

Inflation galopante

La poursuite de l’inflation galopante fait peser un grand danger sur le pouvoir de consommation des Tunisiens qui constitue 73% du Produit Intérieur Brut (PIB), d’autant plus que la classe moyenne est la plus touchée par ce fléau, ainsi que les personnes à faibles revenus, sachant que les personnes à revenu moyen, qu’elles soient fonctionnaires, employés du secteur privé ou retraités, n’ont aucun moyen de faire face à l’inflation.

L’inflation détruit le pouvoir d’achat et dégrade la valeur du dinar, ce qui peut entraîner la disparition de la classe moyenne dans un contexte où tous les Tunisiens souffrent des prix exorbitants et se plaignent des augmentations injustes des prix du carburant qui entraînent des augmentations en chaine.

Jeudi 14 avril courant, le gouvernement a décrété une nouvelle augmentation du prix du carburant de 5 %, soit la troisième du genre depuis le début de cette année.

Depuis 2018, les gouvernements successifs ont recouru à l’ajustement automatique des prix du carburant périodiquement en fonction des prix pratiqués sur le marché international, dans le cadre d’un plan de réforme recommandé par le Fonds monétaire international dans le but de lever progressivement les subventions.

Cependant, « l’ajustement » est souvent à sens unique. Au fait, il s’agit d’augmentations des prix comprises entre 3 et 5%, ce qui provoque une augmentation automatique des prix des services, des transports et des biens et pousse l’inflation vers des niveaux élevés.

Selon les dernières données publiées en mars dernier, le taux d’inflation, est de 7,2%, mais il a dépassé 13% pour les denrées alimentaires, et a dépassé aussi 15% pour les vêtements et les chaussures. La classe moyenne en Tunisie constitue probablement environ 18% de la société et est estimée à 2,2 millions de Tunisiens. Cependant, cette classe risque de disparaitre au milieu de l’inflation et de la flambée des prix d’autant plus qu’un tiers des familles tunisiennes sont considérées comme pauvres et que la plus grande partie d’entre elles bénéficie d’aides sociales qui ne dépassent pas 180 dinars par mois.

La situation en Tunisie est devenue préoccupante, notamment du fait que l’économie tunisienne est confrontée à la pire crise depuis son indépendance, en raison de l’instabilité politique et des répercussions de la pandémie.

Mise en garde internationale

Selon un récent rapport de l’institution financière internationale basée à New York, « Morgan Stanley » (MS), l’inflation constitue un risque social pour la Tunisie.

Le soulèvement de 2010 qui a finalement conduit à la destitution de l’ancien président Ben Ali s’est produit dans un contexte de prix élevés des produits alimentaires à l’échelle mondiale, qui ont impacté les prix locaux, a rappelé MS.

Bien que l’inflation n’ait pas été la seule raison du soulèvement, elle a été un facteur décisif car le gouvernement a été contraint d’augmenter les subventions pour tenter d’amortir l’impact. Cette situation était insoutenable et a contribué en partie à la forte détérioration des finances publiques.

L’institution a indiqué dans son rapport sur le profil du crédit souverain du pays, que la monétisation potentielle de la dette (recours au financement intérieur) ajoute un risque supplémentaire aux perspectives d’inflation. Les sources de financement du pays étant limitées en raison de l’absence de programme du FMI, il est probable que la monétisation de la dette sera à nouveau une source de financement cette année comme ce fut le cas en 2021.

Les évolutions dans le secteur des carburants aggravent les risques à la hausse de l’inflation. Récemment, les autorités ont pris des mesures pour réduire la subvention aux carburants, qui s’élevait à 1,8% du PIB en 2021. Cela s’est traduit par une augmentation des prix à la pompe à deux reprises en février en réponse à la hausse du prix du pétrole brut Brent.

Les prix du pétrole ont encore augmenté de 13% depuis le début du mois de mars, tandis que le dinar est près de 2% plus faible par rapport au dollar, ce qui suggère que davantage d’augmentations des prix du carburant sont nécessaires si la subvention au carburant doit être réduite, souligne-t-on. Cependant, l’UGTT s’est toujours opposée à la réduction des subventions afin de pouvoir s’opposer à de telles augmentations de prix.

MS pense que les prévisions de l’inflation estimé par le FMI à 6,5 % pour 2022 présente des risques importants à la hausse : les risques de protestations resteront élevés en 2022, car les consommateurs restent sous pression.

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