Quand l’homme le plus riche de la planète (il a repris sa place en profitant d’une baisse de forme du Français Bernard Arnault) se déplace ça fait toujours du bruit. Ou plutôt ses milliards font beaucoup de bruit, 192 milliards de dollars tout de même. Après sa virée en France pour parler gros business avec le président Emmanuel Macron il a mis le cap sur la Chine le 30 mai. Mais la Chine n’est pas la France, donc ce voyage fait jaser, aux USA mais surtout à Pékin où le tapis rouge a été déroulé au patron de Tesla, SpaceX, Twitter, etc. Les Chinois n’avaient d’yeux que pour le fantasque entrepreneur, rebaptisé dans l’euphorie générale «Camarade Musk». Le président américain Joe Biden appréciera.
C’est le tout premier voyage d’affaires du milliardaire américain d’origine sud-africaine. Il a certainement beaucoup hésité avant d’y mettre les pieds vu l’animosité entre Washington et Pékin. Mais la marge de progression de son business en Chine a été plus forte que les états d’âme du locataire de la Maison Blanche. Alors Musk a sauté le pas. Et pour cette bravade il a eu droit à des rencontres avec des ministres chinois, très enthousiastes.
L’homme d’affaires a par ailleurs visité le méga site d’assemblage de ses batteries électriques à Shanghai. Certes sa société Twitter est interdite en Chine – Pékin ne badine pas avec ça – mais manifestement Elon Musk n’en veut pas au président Xi Jinping. Le succès de ses véhicules électriques haut de gamme auprès des Chinois vaut bien quelques sacrifices.
Rappelons que Tesla avait annoncé en avril dernier qu’il installerait une deuxième grosse usine de batteries à Shanghai. L’unité aura une capacité initiale de 10 000 batteries Megapack par an et devrait entamer la production au deuxième trimestre 2024, d’après l’agence de presse Chine nouvelle. Et les gros investissements Pékin aime ça, surtout quand ça vient d’un Américain et que ça peut embêter au passage le rival de Jinping, Biden.
Musk gardera certainement des souvenirs impérissables de cette visite de trois jours durant laquelle il a eu les honneurs d’un dirigeant politique étranger de premier plan. Ce statut il le doit à son immense fortune, ses investissements sur place mais aussi au fait que s’acheter une voiture Tesla est devenu un signe d’ascension sociale pour la classe moyenne chinoise.
Hier mercredi à Pékin l’homme d’affaires a fait l’éloge de la «vitalité» de l’économie chinoise et a dit qu’il a une «totale confiance» dans ce marché, le plus juteux au monde pour les véhicules électriques. Les réseaux sociaux chinois en ont rajouté une bonne louche en relatant chaque minute du voyage d’Elon Musk. La plateforme Weibo – l’équivalent de Twitter – a explosé avec des milliards de vues.
Les Chinois n’ont pas loupé une miette du fastueux dîner de bienvenue : 16 plats différents, avec des fruits de mer, de l’agneau de Nouvelle-Zélande, des nouilles traditionnelles de Pékin à la pâte de soja, etc. Les hôtes du milliardaire américain ont mis les petits plats dans les grands, dans un décorum qui avait aussi un soubassement géopolitique…
D’ailleurs les États-Unis ont été copieusement brocardés. Elon Musk «est apparemment le seul Américain bienvenu en Chine», a posté un internaute sur Weibo. «Biden doit se demander pourquoi la Chine refuse ses invitations à rencontrer les hauts fonctionnaires américains, mais déroule le tapis rouge pour Musk», a commenté un autre.
Il est certain que ça s’agite dans les coins à la Maison Blanche, mais le businessman n’en a cure, lui qui affiche ouvertement ses sensibilités républicaines et a même prêté Twitter à un adversaire de Biden pour la présidentielle de 2024, Ron DeSantis. Bon, techniquement ça a été un ratage total, avec des bugs successifs, mais l’essentiel était ailleurs pour Musk : Montrer qu’il n’est pas l’ami de l’actuel président.
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