Economie

Choc de la guerre d’Ukraine : l’IACE pour un rééchelonnement de la dette tunisienne

Choc de la guerre d’Ukraine : l’IACE pour un rééchelonnement de la dette tunisienne

Ce qui est sûr, c’est que peu de pays échapperons aux effets de la guerre en Ukraine, en particulier sur le marché des matières premières, dans la mesure où cette guerre oppose deux pays qui sont parmi les principaux fournisseurs de l’Europe et de l’Afrique du Nord en matière de produits pétroliers, de céréales, d’engrais et de produits transformés issus de ces filières, vient d’indiquer aujourd’hui mercredi 9 mars 2022, l’Institut Arabe des Cher d’Entreprises (IACE) dans une note intitulée « La Guerre en Ukraine : Impacts et Mesures à prendre ».

Concernant l’impact sur l’économie européenne, l’IACE rapporte que la zone euro se dirigerait vers un ralentissement de la croissance, couplé à une inflation forte (inflation qui a atteint le taux inédit de 5,8% en février dernier, contre 3,5% prévu initialement pour l’année 2022).

Au niveau de l’impact sur l’économie Tunisienne, la note de l’institut précise que le pays fait partie des pays vulnérables, du fait des faibles capacités de stockage et des difficultés budgétaires qu’elle traverse, sans compter que le pays fait face à une vague de sécheresse qui se prolonge depuis 3 ans et qui affecte sa production agricole.

Le cours du blé tendre a bondi à 345 euros la tonne et 400 euros la tonne pour le blé dur cette semaine, sachant que les prix à terme sont plus élevés laissant prévoir une augmentation continue des prix à court terme.

La Tunisie est fortement dépendante en matière de céréales, important 84% de ses besoins en blé tendre, environ 40% pour le blé dur et 50% pour l’orge, souligne l’IACE. L’Ukraine était jusque-là un fournisseur privilégié de la Tunisie avec le Canada et l’Union Européenne et il faudra nécessairement revoir notre politique d’approvisionnement, d’autant que le pays souffre d’une insuffisance chronique au niveau des capacités de stockage, limitées à 3 mois.

On évoque également que les prix du baril de pétrole ont aussi fortement augmenté au cours des derniers mois pour atteindre 125 dollars le baril début mars, affirme la note de l’ITES. Cette envolée des prix due à la relance économique post Covid va être renforcée par la guerre et les sanctions imposées à la Russie.

Lorsqu’on sait que le budget 2022 de la Tunisie a été établi sur la base d’un prix du baril à 75 dollars, le prix actuel, avec une hausse de près de 50 dollars, représenterait une charge supplémentaire pour la caisse de compensation de 7 Milliards de Dinars.  Une telle charge est insoutenable pour le budget de l’Etat qui aura pour conséquence une augmentation inéluctable des prix à la pompe, qui pourrait atteindre 1,2 Dinar le litre environ, tous produits confondus, et jusqu’à 2 Dinars et plus le litre si les prévisions les plus pessimistes sont atteintes, affirme l’ITES.

Au vu de cette situation, l’IACE propose une batterie de mesures qui méritent d’être considérées pour amortir les effets de la crise et son impact sur l’économie tunisienne, dont principalement :

  • L’orientation des ressources hydriques agricoles exclusivement vers les cultures céréalières pour améliorer autant que faire se peut les perspectives de la récolte à venir.
  • L’action immédiate sur les performances du port de Radès, pour réduire les délais d’attente en rade et ceux de manutention pour encourager les armateurs à desservir ce port et réduire les coûts logistiques du port pour compenser quelque peu l’augmentation des tarifs de transport maritime.
  • La considération de la possibilité d’une aide d’urgence aux familles nécessiteuses moyennant le déblocage d’un montant de 300 millions de dollars à l’instar de ce qui a été fait en 2021 avec l’appui de la Banque Mondiale.
  • Obtenir le déblocage immédiat de l’aide de l’Union Européenne au titre de l’appui budgétaire de 300 millions d’euros.
  • L’examen de la négociation du rééchelonnement de la dette tunisienne, (hors marchés financiers), pour transférer les ressources dédiées au service de la dette vers le financement de l’approvisionnement en produits de base, d’autant que les institutions financières bilatérales et multilatérales seront dans l’obligation d’assouplir leurs positions vis-à-vis des pays vulnérables tels que la Tunisie.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut