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Crise du pain : le DG de la concurrence et le trésorier de la Chambre des boulangers ne vivent pas dans le même pays que nous

Crise du pain : le DG de la concurrence et le trésorier de la Chambre des boulangers ne vivent pas dans le même pays que nous

Pas plus tard que le 2 septembre 2023 le directeur général de la concurrence et de la recherche économique, Houssem Eddine Touiti, a dit dans une conférence de presse que les difficultés liées à l’approvisionnement en semoule sont derrière nous et que ses services s’activent pour traquer les circuits clandestins responsables du détournement de la farine vers les boulangeries non classées. Le trésorier de la Chambre nationale des boulangers, Sadok Haboubi, est allé plus loin, il a même fait très fort…

Il a déclaré hier lundi 4 septembre sur une radio privée que l’embouteillage et la cohue constatés devant les boulangeries durant les mois de juillet et août sont causés par la séance unique. Il a prédit que le retour de la double-séance va sensiblement décongestionner les files d’attente…

Inutile de vous dire que jusqu’à ce matin du mardi 5 septembre ce miracle ne s’est pas produit, on a même l’impression que le mal a empiré.

Sadok Haboubi n’a pas dit que ça, il a ajouté que “l’encombrement a diminué de 60% depuis le début de la pénurie. Présentement les boulangeries reçoivent une quantité suffisante de farine dévolue au pain subventionné. L’approvisionnement est même monté à 520 mille quintaux par jour, ce qui fait 70 mille de plus en comparaison avec le mois de juin dernier“…

Il a fini son intervention en ces termes : “11,4 millions de baguettes, toutes qualités confondues, sortent chaque jour et cette quantité satisfait largement la demande quotidienne“.

De trois choses l’une : Soit le DG de la concurrence et le trésorier de la Chambre nationale des boulangers sont complètement hors-sol, soit ils ne vivent pas dans le même pays que nous – c’est une boutade -, soit ils sont de bonne foi et ont simplement anticipé en évoquent une résolution imminente de la crise du pain. Mais de toute évidence il y a quelque chose qui cloche. Les citoyens continuent de griller leurs journées dans la quête du pain et toutes les autres préoccupations passent après, même le travail passe après parfois. Et après ça il faut se farcir le sucre, le café, etc.

Tous ces gens – hommes, femmes, vieillards, enfants – qui font la queue devant les boulangeries, très tôt le matin, sous le soleil et jusqu’à la nuit, c’est un spectacle insoutenable et dégradant pour l’image du pays. L’instruction ferme donnée par le chef de l’Etat sur la distribution exclusive de la farine subventionnée était censée régler très rapidement le problème de la pénurie. Que nenni.

Les saisies impressionnantes de farine dite détournée, ébruitées quotidiennement par les médias, étaient censées soulager les consommateurs. A l’arrivée ce n’est pas le constat que font les citoyens…

On est à quelques encablures de la rentrée scolaire et la tension sur le pain persiste, voire empire. Beaucoup d’enfants soulagent leur parents – drôles de vacances scolaires ! – en faisant la queue pour le pain. Qui poireautera devant les boulangeries quand les élèves retourneront à l’école ? Les parents seront-ils contraints de délaisser encore plus le boulot pour se coltiner la quête de la baguette de pain ?

Ce sujet est très loin d’être anecdotique. Que se passe-t-il réellement dans le pays ? Que les autorités cessent de nous infantiliser avec des histoires à dormir debout, qu’elles nous disent la vérité, rien que la vérité, toute la vérité. Les citoyens que nous sommes sont en mesure de l’entendre, de l’assimiler. Alors qu’elle sorte cette vérité. C’est le devoir impérieux des autorités et c’est notre droit le plus élémentaire.

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