Economie

Déficit commercial : Fausse approche de calcul et financement opaque

Déficit commercial : Fausse approche de calcul et financement opaque

L’Institut National de la Statistique (INS) indique dans sa note méthodologique concernant l’élaboration des soldes du commerce extérieur qu’à la lumière de la définition des différents régimes statistiques, le commerce extérieur est décomposé en deux groupes, à savoir le régime général qui correspond au commerce extérieur réalisé par les entreprises résidentes et le régime off-shore qui comprend les échanges des entreprises totalement exportatrices résidentes ou non résidentes et qui opèrent sous les régimes de l’admission temporaire et l’entrepôt franc.

Néanmoins, en examinant le dernier bulletin de l’INS se rapportant au commerce extérieur aux prix courants au titre du mois de décembre 2021, on constate que celui-ci fait apparaitre un solde compensé déficitaire de 16215,1 millions de dinars sans présenter les deux soldes des régimes général et off-shore.

La présentation en question est hors normes locales et internationales et dénote clairement d’une volonté de monter un déficit nettement inférieur par rapport à la réalité des échanges commerciaux déséquilibrés de la Tunisie.

A l’échelle internationale, il est recommandé depuis 2008 par le Fonds Monétaire Internationale (FMI), de se contenter au niveau de la présentation du solde des échanges commerciales, des résultats du régime général uniquement dans la mesure où les sociétés exerçant sous le régime off-shore, ne sont tenues ni de rapatrier ni de céder les recettes de leurs exportations. Ainsi elles n’impactent pas les réserves en devises. Une mesure qui a été appliquée, officiellement, depuis 2010, par les pays de l’Union européenne.

Clairement, on peut déduire que la valeur du solde du déficit commercial est fausse du fait qu’elle n’est pas conforme aux normes internationales en vigueur. On attribue ce type de situations aux manœuvres de « maquillage » des comptes publics en Tunisie et ce, dans le but de cacher la réalité désastreuse de l’économie nationale en sous-estimant le déficit réel du pays.

En revanche et en s’arrêtant aux chiffres publiés récemment par l’INS indiquant que le déficit commercial est de 16,2 milliards de dinars avec un taux de couverture des importations par les exportations de 74,2%, plusieurs questions se posent quant au financement de ce déficit.

A cet égard, d’après ces chiffres, 25,8% des importations tunisiennes ne sont pas couvertes par les exportations. En évidence comptable et en vertu du principe de la partie double, le reliquat est couvet donc par des emprunts sauf que ceux-ci ne sont pas comptabilisés dans la dette publique de l’Etat.

Ces emprunts sont, d’après les pratiques et les usages du commerce international, des emprunts renouvelables (revolvings) qui sont des emprunts consistant à mettre à disposition d’un emprunteur, une somme d’argent réutilisable au fur et à mesure de son remboursement, pour financer des achats non prédéfinis.

Si on prend en considération ces crédits, le volume de la dette publique sera d’environ 120 milliards de dinars. A cela, s’ajoute la dette des entreprises publiques (qui ne figure pas dans la dette publique), portant le volume global réel de la dette, à 150 milliards de dinars, ce qui dépasse de loin la valeur du PIB.

A titre indicatif et sous ce même angle, le cumul des déficits annuels de la balance commerciale, durant les années de 2018 à 2021, dépasse les 67 milliards de dinars soit plus de 17% de la valeur du budget de l’Etat de 2022.

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