Economie

Des “miettes” à la TICAD tant que Saied n’appliquera pas ce qu’il signe

Des “miettes” à la TICAD tant que Saied n’appliquera pas ce qu’il signe

Le gouvernement tunisien sonne le rassemblement pour aller à la pêche aux investissements ces 27 et 28 août, dans le cadre de la TICAD 8. Les Japonais sont avertis : Najla Bouden et compagnie feront tout pour leur soutirer des sous, au nom du financement des projets en rade depuis le départ précipité de Ben Ali. Bon, tout ça est une vaste fumisterie, tout le monde sait depuis belle lurette que ce qui sera fait, le peu qui sera fait, est destiné à des projets structurants déjà sur les rails et dont la plupart sont privés. Les Japonais et nos autres partenaires ont compris depuis la conférence “Tunisia 2020″ – en novembre 2016 – que l’appui budgétaire pour un pays qui a un tel niveau de dépenses de fonctionnement c’est comme arroser le désert. Si Tunis voulait vraiment émettre des signaux positifs en direction des bailleurs étrangers, il commencerait par libérer les énergies locales qui produisent de la richesse, en commençant par cette pléiade d’hommes d’affaires que les autorités prennent un malin plaisir à martyriser.

Saied s’est trompé de combat

La Tunisie n’a pas besoin de tout ce cirque pour ramasser de l’argent qui ne sera jamais au niveau de ses besoins. De l’argent il y en a, il est ici, dans les poches des opérateurs économiques du pays. Mais encore faut-il que le climat les incite à décaisser pour investir, encore faut-il que les obstacles que l’Etat s’ingénie à dresser sur leur chemin soient levés. Le président de la République, Kais Saied, semble d’ailleurs l’avoir bien compris et a dégainé dans ce sens un ambitieux programme : la Réconciliation nationale. Où en est-on depuis que le décret a été signé, le 21 mars dernier ? Au point mort.

L’occupant du palais de Carthage a d’autres combats prioritaires. Ils sont, hélas, politiques, constitutionnels, juridiques… Des batailles qu’il n’est pas du tout certain de gagner en dépit de toutes ses assertions, des luttes dans lesquelles il pourrait laisser sa crédibilité, ce qui retomberait forcément sur la tête de la malheureuse Tunisie. Alors que les combats économiques il peut les gagner aisément s’il en a la ferme volonté…

Le stupéfiant exemple sud-coréen

Au bas mot des dizaines d’hommes d’affaires, et pas des moindres, ont émis le souhait de solder leurs litiges avec les autorités pour sortir de prison ou des affres des procédures judiciaires, pour recommencer à produire, investir, embaucher. Certains planqués à l’étranger par crainte des foudres judiciaires sont dans les mêmes dispositions. Tout ce qu’ils demandent c’est qu’on leur donne les moyens de travailler. On le leur refuse, contre toute logique. Alors que même la Corée du Sud, réputée pour son intransigeance avec les corrompus et corrupteurs, remet en selle de grands investisseurs condamnés, au nom des intérêts suprêmes de la nation

Non seulement ce n’est pas le cas sous le ciel tunisien, mais même le peu qui fait fonctionner la machine économique pourrait être cassé par ces campagnes ignobles et sans aucun fondement contre des hommes d’affaires qui n’ont rien à voir avec toutes les casseroles qu’on leur colle. Mais que voulez-vous obtenir d’autre quand le très populaire et populiste président de la République ventile lui-même les ingrédients de la détestation des riches ? Saied devra se réconcilier avec les signes extérieurs de richesse pour que ceux qui le suivent, très nombreux quoiqu’en baisse, cessent leurs tirs contre une catégorie dont le seul tort est d’entreprendre.

Qu’il fasse ce qu’il dit à Marouane Abassi !

Il est évident que ces bruits délétères assumés jusqu’au sommet de l’Etat tunisien ne sont pas de nature à rasséréner les investisseurs étrangers. Il ne faut pas s’étonner qu’ils se rabattent sur le voisinage, notamment le Maroc et maintenant l’Algérie, avec tout ce que leur promet le président Abdelmajid Tebboune, des promesses qu’il tient contrairement à son homologue tunisien…

Kais Saied a coutume de dire au gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, que la Tunisie n’a pas besoin d’aller mendier les moyens de sa relance économique, qu’elle peut trouver chez elle l’argent de son redémarrage. Le moins qu’on puisse dire est que les actes ne suivent pas la parole. Rien de significatif n’est fait pour donner au pays les outils de son indépendance financière. Rien.

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