L’indifférence et l’insensibilité, à tout, sont parmi les maladies sociales des temps modernes. Le journal espagnol Diari de Girona nous rapporte une histoire sordide qui monte de plusieurs crans dans l’horreur…
Des salariés d’une grande entreprise opérant à Madrid auraient été obligés de continuer à travailler alors que leur collègue, une femme de 56 ans, gisait à côté, morte, foudroyée par une attaque cardiaque. Les faits se sont déroulés le 13 juin au sein de la société Konecta, spécialisée dans le télémarketing.
Le délégué CGT (“Confederación general del trabajo”) à la prévention des risques professionnels a confié au journal que la dame s’est écroulée peu avant 13 heures et les secours ont déclaré son décès suite à des tentatives pour la réanimer. Mais la dépouille n’a été récupérée par les pompes funèbres que vers 16 heures. Donc le cadavre est resté tout ce temps au sol, veillé par des policiers alors que juste à côté les autres téléopérateurs continuaient de parler aux clients.
«Les responsables auraient dû dire au reste des travailleurs de partir, mais ils ne l’ont pas fait. Il n’y a pas eu ordre d’évacuer», dénonce le délégué syndical. «Le service a continué normalement», ajoute la CGT dans un communiqué, tout en relatant des messages WhatsApp d’employés traumatisés par cette scène.
A noter que Konecta compte 12 000 employés. La tragédie a eu lieu au sixième étage d’un immeuble de bureaux et il y avait du monde autour de la victime. «Quelqu’un ne cessait de répéter : nous sommes un service essentiel», a déclaré le délégué, qui pointe la responsabilité de la direction dans l’attitude du personnel, rapporte 20 Minutes ce 22 juin…
En réalité certains agents auraient continué leurs activités par crainte des foudres du patron, alors que d’autres auraient sciemment décidé de maintenir les communications en dépit d’un ordre d’évacuation émis par la responsable de la prévention des risques professionnels de Konecta en début d’après-midi. La CGT parle de téléopérateurs qui auraient fonctionné en «inertie», lobotomisés par une tâche automatisée et complètement déshumanisée.
La direction de l’entreprise, contactée par El Pais, dément avoir ordonné de ne pas évacuer le personnel. «Personne n’a été forcé de travailler à côté du cadavre», martèle la société. La société assure prendre «grand soin des personnes qui travaillent pour» elle et affirme qu’elle soutient présentement la famille de la défunte.
La mort de la dame sera considérée comme un accident du travail, précise Konecta. La direction a permis aux collègues de la défunte de télé-travailler et met à leur disposition une assistance psychologique. Mais les syndicats exigent qu’un protocole officiel soit instauré pour faire face à ce type de drame.
Ce n’est pas la première fois que Konecta défraye la chronique, en 2021 elle avait essuyé une pluie de critiques pour avoir transgressé les mesures de sécurité dans ses locaux en pleine pandémie du Coronavirus.
De manière générale le secteur des centres d’appels en Espagne est souvent pointé du doigt pour les conditions de travail, notamment les temps de pause. En 2021 le tribunal avait dû intervenir pour taper sur la société Extel Contact Center en rappelant que la pause pour aller aux toilettes est bien un droit. Et oui, on en est là dans ce pays membre de l’Union européenne (UE)…
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