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Et si Saied faisait à Ghannouchi ce que son ami Erdogan vient de faire à Kavala…

Et si Saied faisait à Ghannouchi ce que son ami Erdogan vient de faire à Kavala…

Gagner ses galons de pays démocratique et surtout les garder n’est pas chose facile. La Turquie de Recep Tayyip Erdogan n’en finit pas de dévisser dans ce cens, au quotidien. Après la grande purge de l’administration turque pour “liquider” des dizaines de milliers d’opposants et des procès sur la base de dossiers fabriqués de toutes pièces, le maître absolu de la Turquie a réussi à avoir la tête de l’homme d’affaires, philanthrope et mécène Osman Kavala. Derrière les barreaux depuis quatre ans et demi pour des motifs fallacieux, il a écopé hier lundi 25 avril de la perpétuité. Pourtant c’est le même Erdogan qui donnait dernièrement des leçons de démocratie à la Tunisie suite à l’officialisation de la dissolution du Parlement…

De l’avis même du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, la condamnation de Kavala “témoign(e) d’une sévérité maximale et ignor(e) la décision de la Cour européenne des droits de l’homme». C’est justement ce genre de violation flagrante des droits humains qui a valu à la Turquie d’être recalée pour son adhésion à l’Union européenne (UE), alors que sa candidature se défendait bien mieux que beaucoup d’autres pays qui ont été admis depuis.

La représentante de Human Rights Watch, Emma Sinclair-Webb, qui a assisté au verdict, a pointé sur Twitter le «pire dénouement possible (…). Horrible, cruel et diabolique» ; quant au directeur Europe d’Amnesty International, Nils Muiznieks, il parle d’une «parodie de justice»…

Pourtant, sur le papier, la Turquie reste une démocratie et se comporte même parfois en tant que telle. Par exemple en ce moment elle aide l’Ukraine – une autre démocratie – à se sortir des griffes du voisin, la Russie, notamment en livrant à Kiev les fameux drones Bayraktars qui font de sacrés dégâts dans les rangs ennemis…

Elle est comme ça la Turquie : Bourrée de paradoxes. Erdogan compte beaucoup d’amis en Tunisie, dans le cadre de la sacro-sainte confrérie des Frères musulmans. Bon, Erdogan est un peu revenu de ses saillies confessionnelles et de la guerre qu’il menait en leur nom, maintenant il ne jure que par la diplomatie qui rapporte gros. On l’a même vu pactiser avec les ennemis historiques du Golfe pour adoucir la vie de ses sujets malmenés par une crise économique sans précédent. Des principes le président turc n’en a plus beaucoup en fait. Il est devenu pragmatique…

Le président du Parlement tunisien, Rached Ghannouchi, pourtant très bavard sur les vertus démocratiques, se garde bien de commenter ce qu’est devenu Erdogan. Il ne commentera pas plus la condamnation hideuse qui vient de frapper un homme – Osman Kavala – dont le seul tort aura été d’être différent de l’autocrate turc, de se dresser sur son chemin. Les islamistes tunisiens ne commentent peut-être pas mais les faits sont têtus et il y a des choses que personne ne peut plus planquer sous le tapis, heureusement pour notre humanité…

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